Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/332

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faitement, mais peu à peu l’expérience dessillera les yeux de l’agronome, & lui apprendra à connoître ses véritables intérêts.

Les avantages des pépinières se réduisent, i°. au choix du terrein, & il est aisé de trouver un petit espace convenable ; 2°. la pépinière est ordinairement près de l’habitation, & le terrein qui l’environne est toujours la partie la mieux cultivée ; 3°. on défonce plus facilement une parcelle de terre qu’une vaste étendue. La proximité, l’occasion, l’emploi de plusieurs momens qu’on auroit perdus, contribuent singulièrement à améliorer ce petit fonds ; 4°. on y voiture à moins de frais les engrais, dès lors ils y seront plus abondans ; 5°. sans cesse sous les yeux du propriétaire, la pépinière est mieux soignée, mieux dépouillée des mauvaises herbes ; 6°. les semences confiées à une terre ainsi préparée, dans le temps le plus avantageux, germeront & végéteront avec plus de vigueur ; 7°. le colza blanc, qui germe si difficilement, y réussira, tandis qu’on l’auroit confié en pure perte à un autre sol ; 8°. une plante ainsi élevée, est plus garnie de chevelus, dès-lors sa reprise est plus assurée ; 9°. enfin, la pépinière laisse tout le loisir convenable de préparer parfaitement le champ qui doit recevoir le colza, & permet le choix du moment propice pour sa transplantation. Les avantages du semis en grand, se réduisent à économiser un peu sur le temps, puisqu’un homme sèmera, dans un jour, un champ, tandis qu’il faudra une semaine entière pour replanter la même étendue de terrein ; mais si l’on considère combien il faudra de journées pour arracher les plants surnuméraires, on verra que la dépense sera la même, sans compter la perte de la valeur au moins de trois quarts de semence de plus.

II. De la culture du Colza semé comme le grain. Les travaux se réduisent à donner à la terre, les engrais convenables & en quantité suffisante, à travailler le terrein, à semer, à herser, à sarcler.

i°. Engrais. Lorsqu’on moissonne un champ à blé, & qu’on destine l’année survante à porter du colza, il faut couper la paille assez haut. Ce chaume devient un engrais, léger à la vérité, mais il tient les molécules de terre soulevées, ce qui produit un bon amendement. (Voyez ce mot) Le terrein qu’on appelle vulgairement & fort mal à propos, froid, exige plus d’engrais qu’un terrein léger. (Voyez ce mot) Il n’est pas possible de fixer la quantité de fumier nécessaire à chaque genre de terrein ; les nuances des uns aux autres sont trop multipliées. L’abondance en ce genre ne nuit pas ; le trop seul est nuisible, surtout si le fumier n’est pas bien consommé avant de l’enfouir dans la terre. C’est au propriétaire à étudier & à connoître la nature du sol de son champ. Le colza ordinaire exige moins d’engrais que le colza blanc, & le blanc moins que le colza froid.

2°. Préparation du terrein. Dès que le bled est coupé, on se contente de donner aussitôt un labour : la terre battue & serrée par les pluies d’hiver & du printemps, endurcie par la chaleur de l’été, n’est point assez divisée ; & la raison dicte, je ne saurois trop le répéter, que le défoncement doit toujours être en raison de