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cidre ; il ne diffère que par l’eau que l’on y met, pour rendre cette boisson plus convenable à la santé : elle nourrit & rafraîchit. »

Par la distillation, on retire du cidre un esprit ardent, dont je parlerai à l’article Eau-de-vie.

Je me suis permis quelques observations sur le mémoire que M. d’Ambournai a eu la bonté de me communiquer, & sur l’ouvrage imprimé de M. le Marquis de Chambray. Comme je puis juger de l’art de faire du cidre, que par analogie avec celui de faire du vin, mes observations peuvent être fausses, ou peu exactes : aussi je prie ces Messieurs, & ceux qui liront cet ouvrage, de me faire connoître mes erreurs, & elles seront bientôt retracées publiquement.


CIGUË, (grande) (Voyez Pl. 6, page 196) M. Tournefort la place dans la première section de la septième classe, qui comprend les herbes à fleurs en rose & en ombelle, dont le calice devient un fruit composé de deux petites semences cannelées, & il l’appelle cicuta major. M. Von Linné la nomme conium maculatum, & la classe dans la pentandrie digynie.

Fleur B, composée de cinq pétales égaux, & en forme de cœur C, renfermant cinq étamines, & un pistil D. L’enveloppe générale de l’ombelle est composée de plusieurs folioles très-courtes, ainsi que la partielle.

Fruit E, strié, obrond, divisé en deux semences F, convexes, hémisphériques, cannelées extérieurement, & aplaties intérieurement.

Feuilles, embrassent la tige par leur base : elles sont ailées dans chacune de leurs divisions très-multipliées & très-fines, & la surface lisse.

Racine A, en forme de fuseau, jaunâtre en dehors, & blanche en dedans.

Port. La tige s’élève quelquefois à la hauteur d’un homme, suivant le sol sur lequel elle végète. Elle est lisse, branchue, parsemée de quelques taches brunes, tirant sur le violet. L’ombelle naît au sommet, & les feuilles sont placées alternativement.

Lieux. Les terreins aquatiques : elle se cultive, se multiplie aisément, & fleurit en mai ; la plante est bienne.

Propriétés. Toute la plante est nauséeuse par sa saveur & par son odeur. Plus elle approche de sa maturité, plus l’une & l’autre augmentent. Celle qui croît dans les pays chauds, est beaucoup plus active que celle qui végète dans les pays froids : on la regarde comme résolutive & narcotique. Il arrive très-souvent, par l’imprudence ou l’ignorance des cuisiniers ou des cuisinières, qu’ils prennent la ciguë encore jeune pour du persil, ou des carottes, &c. & qu’ils en préparent nos alimens. Cette méprise funeste excite un engourdissement quelquefois subit, le vestige, l’obscurcissement de la vue, le délire, les convulsions, le vomissement, le hoquet, l’ardeur & la douleur d’entrailles, l’écoulement du sang par les oreilles, l’écume à la bouche, &c. C’est un vrai poison, qui porte son action sur l’estomac : il l’enflamme, & le cautérise.

Aussitôt qu’on commence à s’appercevoir des premiers effets de la ciguë, il faut se hâter de débarrasser les premières voies par l’émétique, ou par l’usage copieux de l’eau chaude, comme il sera dit au mot Émétique, surtout lorsqu’on ne sera pas à même de se procurer promptement du tartre