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deux drachmes de feuilles de séné, de pulpe de tamarin, & de sel de nitre, sur lesquels on verse environ demi-livre d’eau bouillante. On peut encore substituer aux scarifications, la méthode que nous avons indiquée pour le charbon pestilentiel des bœufs, c’est-à-dire, l’amputation de la tumeur : elle nous paroît même préférable, parce qu’elle n’est point sujette aux inconvéniens des remèdes escarrotiques, & que d’ailleurs le délabrement & la douleur qui résultent de l’amputation, ne sont rien en comparaison du danger & des progrès qu’entraîne ordinairement avec lui un charbon qui rentre dans l’intérieur. M. T.



Charbon, Agriculture. (Voyez le mot Froment, où il en sera parlé dans le chapitre de ses maladies.)

On ne s’occupera pas ici de l’art de convertir le bois en charbon, ni de la manière d’extraire le charbon de terre de sa mine : ces deux arts sont étrangers à l’Agriculture.


Charbon de terre. (Hist. Natur. Écon. Rur.) Le charbon de terre, connu dans les provinces septentrionales de France sous le nom de houille, est une Substance inflammable que l’on trouve dans le sein de la terre à différentes profondeurs, & dont l’industrie humaine qui ne connoît presque rien d’inutile dans la nature, a su tirer le plus grand parti. Cette substance répandue assez généralement en France, offre de tous côtés des ressources d’autant plus précieuses, qu’elles peuvent suppléer à l’usage du bois à brûler dans presque toutes les opérations où on l’emploie. La métallurgie, les arts, les manufactures, le chauffage qui, depuis quelque temps, se plaignent avec tant de raison de la disette du bois, voient tous les jours s’étendre les moyens de se servir du charbon de terre. Si l’entrepreneur est intéressé à bien connoître cette production minérale, l’agriculteur ne l’est pas moins. Souvent il trace de pénibles sillons au-dessus d’une mine qui renferme cette richesse ; souvent les entreprises économiques, comme les brûleries, les opérations de la soie, les usines &c., demandent l’emploi le moins dispendieux des substances propres à chauffer. Dans tous les cas, une connoissance au moins générale de tout ce qui peut devenir entre ses mains principe d’économie, source de richesse, ou moyen de simplifier & de perfectionner ses travaux, peut lui être du plus grand secours. Une notice exacte du charbon de terre & des usages dont il peut être, entre donc absolument dans les vues que nous nous sommes proposées. Être utile à tous en général, & à chacun en particulier, en les mettant à même de tirer le plus grand parti de tous les objets que la nature offre ; tel a toujours été notre plan ; heureux si l’habitant de la campagne profite de nos veilles, de quelque manière que ce soit ! Pour remplir cet objet, après avoir donné une description exacte du charbon de terre, nous examinerons ses variétés & les caractères qui l’empêchent d’être confondu avec le charbon de bois fossile & quelques autres substances ; ensuite nous verrons les principes qui le composent, & nous dirons un mot sur sa formation. De-là, après avoir parlé des mines que l’on trouve dans les différentes Provinces du Royaume,