Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/401

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partie étoit désignée par un terme général qui la caractérisoit ; comme celui de classe, de genre, d’espèce, d’individu. Toute la nature, quoi qu’elle ne paroisse être qu’une, & ne former qu’un tout, se divise naturellement en trois grandes familles ou règnes, qui ont un caractère particulier, qui les fait distinguer les unes des autres. Chaque règne, à son tour, se divise naturellement en classes ; par conséquent les caractères qui constituent les classes, sont plus circonscrits, & n’appartiennent pas à un aussi grand nombre d’objets que ceux des règnes ; mais ils sont plus étendus, & embrassent beaucoup plus d’objets que ceux qui caractérisent les genres. On sent facilement que les caractères généraux qui établissent les classes, ne peuvent pas également convenir aux divisions des trois règnes. Le même caractère qui détermine un arbre, & le différencie d’une herbe, ne sera pas le même qui déterminera un quadrupède ou une pierre, & les différenciera d’un volatile, ou d’un métal, ou d’un sel. Chaque règne a donc son caractère propre, qui divise ses classes. Puisque ce caractère distinctif des classes est moins général que celui des règnes, & plus que celui du genre, la classe est donc un terme moyen, une division intermédiaire entre le règne & le genre. Rendons ceci sensible par un exemple analogue au sujet que nous traitons. Le règne végétal a pour caractère particulier, de renfermer des êtres qui ont une espèce de vie, sans annoncer aucun acte de volonté, & de sentiment réel & animal ; mais ces êtres n’ont pas tous la même forme, la même grandeur, le même port. Les uns sont d’une certaine élévation, d’une consistance dure & ligneuse, & ont une vie qui se prolonge plusieurs années : les autres, au contraire, tendres & herbacés, vivent à peine un ou deux ans. Nous avons donc dans le règne végétal deux grandes classes générales & premières, les arbres & les herbes : mais cette division, frappante au premier coup d’œil, rapproche encore trop cette multitude d’êtres végétans. Qui distinguera les arbres les uns d’avec les autres ? qui apprendra à ne pas confondre cette herbe avec sa voisine ? Si l’on trouvoit une ou plusieurs parties qui, communes dans toutes les plantes, eussent pourtant un caractère différenciel pour telle ou telle quantité de plantes, dés ce moment ce caractère serviroit de ligne de démarcation, pour les arbres & les herbes, qui diviseroit tout le règne végétal en autant de portions différentes, & tranchantes les unes sur les autres : ces divisions formeroient autant de classes. Si, à présent, chacune de ces divisions étoit encore trop nombreuse & trop confuse, on pourroit y mettre de l’ordre, en considérant un caractère moins apparent, à la vérité, que celui de la classe, mais aussi général, ou des rapports constans dans leurs parties essentielles ; on auroit alors les sections & les genres.

Ce caractère classificateur doit donc être facile à saisir, tranchant, & à la portée des yeux les moins accoutumés à voir. Sans cela, il entraîneroit nécessairement de la confusion, & augmenterait le cahos que l’on auroit voulu débrouiller.

Chaque Botahiste qui a bâti un systême, ou créé une méthode, a cherché ce caractère, & a cru l’ap-