Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

percevoir dans les différentes parties de la plante : mais quiconque voudra composer de nouvelles classes, doit s’attacher unièmement aux véritables rapports qui sont entre les genres ; & ces rapports doiventnécessairement se trouver entre tous les genres d’une même classe. La fleur & le fruit offrent naturellement ces divisons & ces caractères classificatifs ; aussi presque tous les auteurs les ont-ils tirés de ces parties, comme nous allons le, voir.

C’est Gesner qui, le premier, ait apperçu qu’il valloit mieux chercher ce caractère dans les parties de la fructification, que dans toutes les autres, surtout les feuilles ; mais il est mort avant d’avoir pu former une méthode d’après ce plan. Césalpin l’exécuta en partie, & vint à bout de séparer d’abord les arbres & arbrisseaux d’avec les herbes, de les diviser en plusieurs bandes, & de subdiviser encore chaque bande en quinze classes. Morisson marcha sur ses traces, rectifia sa méthode, & en donna une, où toutes les plantes, divisées par les fruits, étoient rangées en dix-huit classes. Ray réforma encore les méthodes de Césalpin & de Morisson, & rapprocha plusieurs classes de l’ordre naturel. Les fruits furent la base de ses divisions ; mais il eut recours aux pétales dans quelques cas particuliers. Nous passons sous silence tous les Botanistes subséquens & antérieurs de M. Tournefort, parce qu’ils n’ont fait que varier, sans les perfectionner absolument, toutes les méthodes qu’ils avoient trouvées avant eux. Enfin, M. Tournefort parut ; &, au-lieu de considérer d’abord les fruits, il porta ses premières vues sur les pétales, comme la partie des fleurs la plus apparente & la plus frappante, & son caractère classificateur fut tiré de la corolle, en considérant sa présence ou son absence, sa disposition simple ou composée, le nombre des pétales qui la constituent monopétale ou polypétale, enfin, la figure des pétales, régulière ou irrégulière. Les monopétales régulières lui donnèrent les deux premières classes, & les irrégulières, la troisième & la quatrième. Les polypétales régulières lui fournirent les cinq, six, sept, huit & neuvième classes ; les irrégulières, la dixième & la onzième. Les composées établirent les douzième, treizième & quatorzième classes, & les fleurs apétales ou sans pétales, les quinzième, seizième & dix-septième classes. Il divisa les arbres & arbustes d’après les mêmes principes, mais dans un ordre inverse à celui des herbes. Les fleurs apétales formèrent la dix-huitième classe ; les apétales amentacées, la dix-neuvième ; les monopétales, la vingtième ; les polypétales régulières, rosacées, la vingt-unième ; enfin, les polypétales irrégulières, papilionacées, la vingt-deuxième.

M. le Chevalier von Linné suivit une autre route ; & au-lieu de considérer, comme M. Tournefort, simplement les enveloppes des parties de la fructification, il s’est arrêté principalement aux parties même de la fructification, & sa classification porte essentiellement sur ces mêmes parties : les étamines, qui sont les parties mâles, & les pistils, qui sont les parties femelles, considérés suivant leur apparence ou leur occultation, leur union ou leur séparation, leur situation, leur insertion, leur réunion, leur proportion & leur