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les mâles de préférence aux femelles, & ne laisser qu’une femelle sur quatre à cinq mâles.

IV. Manière de nourrir les cochons, & de les engraisser. Deux mois après que les cochons sont nés, il est temps de les sevrer. Il faut commencer à les mener aux champs, pour paître l’herbe, si la saison le permet ; leur donner soir & matin de l’eau blanchie avec du son ou du petit lait. Les lavures d’écuelles, mêlées avec le petit lait, leur sont très-bonnes. En hiver, on fait tiédir ces lavures sur le feu ; puis on les jette dans leur auge, avec un peu de son, & quelques fruits & légumes, ou bien quelques morceaux de graisse. On entretient ainsi les porcs jusqu’au mois d’avril, que les herbes commencent à fournir la meilleure partie de leur nourriture ; on les envoie alors aux champs tous les jours, jusqu’à la fin de l’été : quand l’automne vient, il faut les engraisser pour les vendre.

Pour parvenir aisément à engraisser les cochons, il faut commencer par les châtrer. (Voyez Castration) L’orge, le gland, les buvées de choux, de navets, de carottes ; le rebut des herbes potagères, les légumes cuits dans l’eau de son, forment la nourriture ordinaire des cochons à l’engrais. Il est bon aussi de les conduire dans les forêts, où il y a beaucoup de glands & de châtaignes, & de leur donner le soir, à leur retour des bois, de l’eau de son, dans laquelle on aura mêlé un peu de farine d’ivraie. Dans deux ou trois mois, un jeune cochon est engraissé ; il faut plus de temps, lorsque l’animal est vieux, & encore ne devient-il jamais si gras.


CHAPITRE III.

Du climat le plus convenable au cochon ; de la durée de sa vie, & de son utilité après sa mort.

I. Du climat le plus convenable au cochon. Cet animal craint beaucoup le froid : c’est la raison pour laquelle le climat chaud lui est plus convenable ; & voilà pourquoi aussi cette espèce d’animal est abondante en Europe, en Asie, en Afrique. Le climat influe aussi sur le poil de cet individu, puisque nous observons que, dans les climats chauds, les cochons sont tout noirs comme les sangliers, & qu’ils sont communément blancs dans les provinces septentrionales. En Vivarais, par exemple, ces animaux sont tout blancs, tandis que, dans tout le reste de la province de Languedoc, ils sont tout noirs, & à plus forte raison, en Espagne, en Italie, dans les Indes & à la Chine. Un des signes les plus évidens de la dégénération du cochon, sont les oreilles : elles deviennent d’autant plus souples, d’autant plus molles, que l’animal est plus adouci par l’éducation, par le climat & par l’état de domesticité ; &, en effet, nous voyons que nos cochons domestiques ont les oreilles beaucoup moins roides, beaucoup plus longues, & plus inclinées que le sanglier, que l’on doit regarder comme le modèle de l’espèce.

II. De la durée de la vie du cochon, & de son utilité après sa mort. La vie du cochon est de quinze à vingt ans. Il est rare qu’on le laisse parvenir jusqu’à ce terme ; on le tue ordinairement à l’âge de deux ans.

Il suffit d’avoir un peu habité la campagne, pour ne pas ignorer le