Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/437

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les causes des palpitations sont quelquefois fixées dans le cœur, & quelquefois dans son enveloppe, qu’on nomme péricarde. Ces causes sont tantôt des excroissances, tantôt l’ossification de la grande artère, nommée aorte ; des vers dans le cœur même, & dans le péricarde, un abscès dans le cœur, l’hydropisie du péricarde, une constitution du sang contre nature, venant de vices, tels que le scorbut, la vérole, &c. ou le trop grand épaississement du sang, des pierres, les pâles couleurs des filles, la suppression des règles, des anévrismes venus de causes internes, comme des vices dont nous venons de parler ou des causes externes, comme des chutes, des coups, &c. des répercussions de maladies de la peau, des hémorroïdes, de la goutte & du rhumatisme, des maladies de nerfs, des passions violentes, la joie excessive, la crainte, les chagrins profonds.

Il est aisé de distinguer les palpitations des autres maladies, par le tact & par la vue ; mais le jugement qu’on peut porter sur la vraie cause des palpitations, n’est pas aussi facile : cependant les palpitations qui viennent de cause connue, disparoissent en combattant cette cause ; mais quand cette cause est locale, & que les palpitations persistent, & se manifestent sans interruption, il faut les regarder comme absolument incurables.

Les saignées sont, en général, très-nécessaires, quand les palpitations viennent de l’épaississement du sang, ou des suppressions sanguines, quelconques : alors on les administre suivant la nature de la suppression. On saigne du pied, si les palpitations viennent des règles supprimées ; on applique des sangsues, si elles viennent d’hémorroïdes ; & si la tête est douloureuse, on met les pieds dans l’eau tiède : mais le premier & le plus efficace de tous les moyens, c’est le régime. Il faut que la personne attaquée de palpitations, calme les mouvemens impétueux de ses passions, vive de lait, fasse usage de tisane adoucissante, faite avec les plantes aqueuses, & prenne quelques calmans, comme le quinquina, le camphre, le castoreum, &c.

Si les palpitations viennent de mauvais levains dans l’estomac, qui, produisant des matières crues & indigestes, passent dans cet état dans le torrent de la circulation, il faut faire usage de purgatifs, d’amers, & de lavemens purgatifs : l’estomac se rétablit, la digestion se fait bien, les crudités disparoissent, & les palpitations ne reparoissent plus. Si les pâles couleurs ont donné naissance aux palpitations, les apéritifs, tels que les cloportes, les martiaux, les savons, les purgatifs doivent être mis en usage.

II. De l’oppression cardiaque. Cette maladie se manifeste par une difficulté considérable de respirer, par un poids énorme que le malade éprouve sur la région du cœur, par des palpitations, des foiblesses.

Cette maladie doit sa naissance aux violentes passions de l’ame, chez les gens irritables & foibles. Les liqueurs spiritueuses, l’eau de luce respirée, les frictions sur toute l’habitude du corps, suffisent quelquefois pour cet état d’anxiété, qui, négligé, conduit infailliblement à la mort.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur cette maladie, qui règne particulièrement dans les grandes