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fleur, sont au nombre de cinq, grands, arrondis, creusés en cuilleron. Le milieu est occupé par vingt étamines environ, & le centre, par cinq pistils. L’embryon, renfermé par le calice, devient un fruit plus ou moins rond, plus ou moins alongé, suivant l’espèce. Dans l’intérieur du fruit sont cinq loges, disposées en étoile, dans lesquelles les semences sont emboîtées.

II. Des espèces. On ne devroit, à proprement parler, compter que deux espèces jardinières ; (voyez ce mot) celle à fruit rond, qui est le coin pomme, & le coin poire, ou à fruit alongé. L’écorce des coins est, en général, cotonneuse ; le coin non cotonneux forme l’autre espèce. La forme de ces fruits varie un peu, & l’on a assez mal à propos caractérisé ces différences par la dénomination de coin mâle & de coin femelle. Le mâle est le fruit rond, & la femelle, le fruit long.

La meilleure de toutes les espèces est le cydonia lusitanica, ou coin de Portugal. Ses caractères sont si marqués, que je suis surpris que M. von Linné n’en ait pas fait une espèce à part. Le bourgeon sert de péduncule au fruit, qui ne sauroit tomber, lors de sa maturité, si on ne casse le sommet du bourgeon ; & le coin ordinaire, mâle ou femelle, se détache de lui-même. Ses feuilles, aussi entières que celles des autres coins, sont plus grandes, souvent du double & du triple, plus ovales, & d’un vert plus foncé. L’arbre se charge moins de branches chiffonnes. La chair du fruit, assez irrégulier dans sa forme, & imitant un peu celle de la calebasse, est plus parfumée, plus tendre & moins graveleuse : chaque loge contient un beaucoup plus grand nombre de pepins que les coins ordinaires.

III. De sa culture. Plus on s’écarte de la marche de la nature dans le choix & la position du sol où l’on plante un arbre, moins le fruit est parfumé, &, par conséquent, moins la liqueur qu’on en retire est agréable au goût. Il en est du coignassier comme de la vigne : un terrein trop fertile augmente le volume du fruit ; une humidité, au-delà de ses besoins, le rend aqueux & inodore ; enfin, le coin le plus aromatique est celui dont l’arbre a été planté sur des tertres, dans des rocailles, à une exposition du levant au midi. Le coignassier de Portugal exige un meilleur terrein que le coignassier commun : si le sol est humide, ou arrosé souvent, la fleur coule beaucoup, & retient peu.

Si on veut se procurer des pépinières de coignassier, il convient de semer & de choisir, par préférence, la graine du coin de Portugal. Tous les coignassiers, en général, (celui de Portugal moins que les autres) poussent des brins ou rejetons sur leurs racines ; après les avoir enlevés avec soin, en ménageant les racines, on les transporte dans la pépinière. Si les coignassiers ne fournissent pas de brins, on coupera l’arbre par le pied, ainsi qu’il a été dit au mot Acacia, Tome I, page 208 ; & chaque racine coupée produira un rejeton.

Cet arbre est essentiel aux pépiniéristes, & je conseille à tout possesseur de jardins, d’avoir chez soi sa pépinière, afin de ne pas être trompé pour la qualité du fruit par les marchands d’arbres, & être assuré d’avoir de bons & beaux pieds à replanter,