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causes générales de l’inflammation des hernies ou descentes, les tumeurs fixées dans le bas ventre, & les crises des autres maladies, peuvent déterminer l’inflammation de cet intestin.

Nous avons donné un tableau abrégé de cette maladie : entrons maintenant dans quelques détails, afin que nos lecteurs saisissent mieux la marche & le caractère de cette effroyable maladie, qu’on a confondue, & qu’on confond tous les jours avec tant d’autres.

Le malade, attaqué de la colique de miséréré, ressent, vers le nombril, une douleur aiguë & lancinante, que le plus léger mouvement rend encore plus déchirante. La constipation est constante, rien ne sort par les selles ; le vomissement seul a lieu, il est continuel. Dans les premiers temps, il n’entraîne que des matières bilieuses, vertes, jaunes, & de toutes couleurs ; il augmente par degrés, & les matières stercorales sortent enfin par la bouche. L’âcreté de ces matières fait passer l’inflammation jusqu’à l’estomac ; la soif devient dévorante, le pouls se concentre, les syncopes s’emparent du malade, la constipation continue, le vomissement ne se ralentit pas ; tout l’intérieur du corps brûle, tandis que l’extérieur est saisi par le froid ; le visage s’altère sensiblement en peu de temps ; le ventre s’aplatit, & semble toucher à l’épine du dos. Enfin, après avoir été déchiré par les douleurs les plus insupportables, le malade expire dans des angoisses violentes, dans l’espace de vingt-quatre, ou quarante-huit heures au plus.

Le traitement doit être très-actif, & celui qui convient, est le traitement rapproché de l’inflammation. Il ne faut pas s’effrayer de la concentration du pouls ; il faut verser le sang en abondance, faire boire au malade abondamment des tisanes adoucissantes, humectantes & relâchantes, telles que le petit lait, l’eau de veau légère, l’eau de poulet avec les amandes douces ; appliquer des sangsues au ventre & à l’anus. Il faut que le médecin ferme l’oreille aux cris de la populace ignorante & qu’il insiste avec courage sur ce traitement actif & pressant. Le succès sera sa récompense, le pouls s’élève & se développe dans la proportion que le sang coule. Il faut, de plus, que le malade prenne des lavemens émolliens, toutes les deux heures : qu’il les rejette, ou qu’il les garde, le fait doit être indifférent au médecin. Il faut appliquer sur le ventre, des embrocations faites avec des herbes émollientes, avec la flanelle trempée dans les eaux où les plantes émollientes ont bouilli, des vessies pleines de lait ; plonger le malade dans le bain tiède, lui faire boire des huiles douces abondamment, en appliquer aussi sur le siège de la douleur. Après ces moyens réunis, qui combattent victorieusement l’inflammation, il est permis, il est sage même d’employer les caïmans ; ils nuiroient avant l’application des différens moyens que nous venons d’indiquer. Il faut assoupir dans ces cas ; mais il ne faut pas endormir : c’est pourquoi le sirop diacode, à la dose d’une demi-once ou d’une once, l’opium, à la dose de deux ou trois grains en lavage, & pour toute la journée, conviennent admirablement bien. Les douleurs calmées, on