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purge le malade ; mais c’est dans cette situation que la prudence doit veiller à l’emploi des purgatifs : il faut employer les plus doux, la manne & les tamarins en lavage. On termine la guérison par les purgatifs amers, & on a soin d’employer un calmant après leur effet, pour s’opposer à l’irritation qu’ils pourroient occasionner.

II. Du volvulus ou de la passion iliaque. Le volvulus ou la passion iliaque se fait connoître par les mêmes symptômes qui annoncent la colique de miséréré. La cause est ici seulement différente ; elle dépend d’une portion des intestins, rentrée dans une autre portion d’intestins. Nous ne pouvons donner une idée sensible de cet effet, qu’en le comparant à ce que l’on observe dans un gant, dont l’extrémité, par exemple, du doigt, est rentrée dans le corps même du doigt : l’ouverture des cadavres a démontré cette analogie ; les hernies ou descentes, & l’inflammation produisent cet effet. Dans l’état naturel, les intestins ont un mouvement qu’on nomme vermiculaire, qui commence à l’estomac, & qui se propage de haut en bas, jusqu’à l’anus : dans le volvulus, au contraire, l’ordre naturel est renversé ; le mouvement commence par en bas, & remonte vers l’estomac. Dans cet état, toutes les matières contenues dans l’estomac, & dans les intestins, ne peuvent pas sortir par le fondement ; la constipation a lieu, & elles enfilent toutes la route de l’estomac, & sont rejetées, même les matières stercorales, par la bouche. Dans la précédente maladie, la cause a son siège, comme nous l’avons dit, dans l’intestin nommé jejunum ; & dans celle-ci, (le volvulus) elle est fixée dans l’intestin nommé ilium, d’où elle a pris son nom de passion iliaque.

Le traitement doit être le même que dans la colique de miséréré ; les narcotiques ne sont pas aussi utiles, parce que les douleurs sont moins fortes. On a conseillé des pilules de plomb au malade, pour dégager les portions d’intestins enclavées les unes dans les autres ; mais l’usage préfère le mercure. Ces différens moyens sont plus pernicieux qu’utiles, si l’inflammation existe : dans ce cas, il en faut venir à l’opération. Comme elle est la même que celle qui se pratique dans les hernies, nous renvoyons à ce mot.

III. Colique bilieuse. La colique bilieuse se reconnoît facilement aux signes suivans : le malade éprouve des douleurs plus ou moins aiguës dans toute l’étendue du ventre & de l’estomac ; il rend par le haut & par le bas, des vents ; il vomit abondamment une matière jaune, verte & fétide ; ses urines sont en petite quantité, & rouges.

Cette maladie est un diminutif de l’inflammation du bas ventre ; (Voyez Ventre) & si on néglige d’y porter remède dans les commencemens, ou si les remèdes qu’ont emploie sont âcres, chauds & irritans, l’inflammation du bas ventre paroît, & souvent la suppuration & la gangrène mettent fin aux souffrances du malade. La cause de la colique bilieuse est un amas de matières âcres & indigestes, produites, soit par des acariens, soit par des indigestions ou autres crises de maladies.

Si le malade est fort jeune & sanguin, & si les douleurs sont vives,