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il faut employer, dans cette maladie, le traitement de l’inflammation ; il faut verser du sang, faire boire abondamment au malade, du petit lait avec le jus de citron ou d’oseille, & le jus de ces plantes dans l’eau, si on ne peut pas se procurer de petit lait ; il faut lui donner des lavemens avec le petit lait, ou l’eau chargée de miel simple ; lui faire prendre, toutes les deux heures, un demi-gros de crème de tartre, fondu dans un verre de la boisson ordinaire ; appliquer sur le ventre, des flanelles trempées dans l’eau tiède, où on a fait bouillir de la fraise de veau, ou des herbes émollientes. On ne purge que lorsque les douleurs sont calmées ; on ne soutient les forces du malade qu’avec de l’eau de gruau ou de riz, ou de pain. Quelquefois les vomissemens résistent à tous ces moyens, & il faut en venir à l’usage du laudanum, par gouttes, dans une cuillerée d’eau de menthe.

IV. Colique venteuse & stercoreuse. La colique venteuse est cet état maladif des intestins & de l’estomac, qui, à la suite de digestions dépravées, donne naissance au développement de l’air qui s’échappe des matières qui ont subi un commencement de putréfaction. Voyez l’article Antiseptiques, où nous avons développé le mécanisme de la fermentation de ces vents, & où nous avons exposé les moyens propres à les combattre.

Les purgatifs amers, précédés de boissons tièdes, & légèrement aromatiques, suffisent pour détruire les coliques venteuses. Il existe quelquefois des coliques qui sont tellement fortes, que le ventre résonne comme un tambour. Nous avons vu plus d’une fois l’application de linges trempés dans l’eau glacée, & la glace elle-même appliquée sur le ventre, rendre à la vie des gens prêts à expirer. Il faut cependant apporter la plus grande attention dans l’administration de ce moyen ; car s’il existoit inflammation dans quelques portions d’intestins, ce remède tueroit infailliblement le malade : dans ce cas, il faut faire le traitement de l’inflammation.

On réitère les purgatifs, suivant l’exigence des cas. Pour éviter le retour des coliques venteuses, le malade doit rétablir son estomac par l’usage des eaux ferrugineuses, & par l’usage du quinquina en poudre, mêlé à la rhubarbe, à la dose de douze grains par prise. Il doit, en outre, s’interdire l’usage de liqueurs fermentées, & de liqueurs spiritueuses, qui, malgré l’enthousiasme général, procurent beaucoup plus de mal que de bien dans ces circonstances. (Voyez Antiseptiques) Les coliques stercoreuses viennent à la suite d’une constipation opiniâtre ; les matières stercorales se durcissent considérablement ; les principes qui les composent, deviennent très-acrimonieux, l’air s’en échappe, & les intestins sont quelquefois déchirés, excoriés, & ils suppurent.

Le régime humectant & rafraîchissant, les boissons relâchantes, les lavemens légèrement purgatifs, & les purgatifs légers lèvent l’obstacle, & l’ordre se rétablit.

V. Colique métallique de Poitou, des peintres & des plombiers, convulsive & nerveuse. Cette colique est connue sous ces noms, parce que les peintres, les plombiers, tous ceux qui travaillent aux métaux & aux mines,