Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/458

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on sait, à peu près, de combien il diminue. On proportionnera donc cette perte sur la masse totale ; alors on fera le remplissage, lorsque le vin arrivera à sa destination, & cette perte sera supportée par la communauté ; mais jamais on n’enverra de barriques surnuméraires, sinon celles destinées au remplissage.

4°. Celui qui ne voudra pas se soumettre à la décision des dégustateurs, sera le mastic de se retirer, de renoncer à la société, &c.

5°. On n’expédiera jamais aucun, envoi, sans l’accompagner d’une lettre qui sera remise à l’acheteur, afin qu’il sache, à n’en pouvoir douter ; 1°. que le vin est de telle paroisse ; 2°. qu’il est de telle qualité & de telle classe, &, par conséquent, de tel prix ; 3°. que le vin est pur, franc & naturel ; 4°. que la société lui garantit ce vin, s’il en a le soin convenable.

Établissons la confiance, contentons-nous d’un bénéfice raisonnable, & soyons persuadés que les habitans aisés de Paris aimeront mieux s’adresser à nous, qu’aux marchands, aux brocanteurs & colporteurs de vin de la capitale.

Ce que l’on dit, relativement à Paris, s’applique, par la même méthode, aux grandes villes de Provinces. Le frelatage des vins y est moins connu ; mais il ne l’est encore que trop. On s’attacheroit, sur-tout, à fournir les maisons religieuses ; & l’agent de la société, qui auroit placé un grand nombre de barriques, recevroit une gratification de la société, proportionnée au service qu’il lui auroit rendu.

Voilà quelle seroit, en général, la base & le plan de cette société, susceptible d’une multitude de modifications relatives aux lieux, aux circonstances que je ne puis prévoir, ni déduire ici. Les hommes, en général, suivent les sentiers battus, & ne songent guère à se frayer une nouvelle route : j’ai cru qu’il étoit important de la leur indiquer, &, sur-tout, d’établir la confiance par les essais, avant de hasarder les frais d’aucune expédition. Je suis d’autant plus assuré de la réussite de cette société paroissiale & patriotique, que je sais, par expérience, combien, dans les grandes villes, & dans la capitale, sur-tout, on désire avoir du vin franc, & de bonne qualité. Un particulier de Juliénas en Beaujollois m’écrivit, lorsque je demeurois à Paris, afin de lui procurer le débouché de son vin. Je connoissois la probité de cet homme, & la bonne qualité de son vin : je parvins à lui faire placer plus de cent barriques, parce que je répondois qu’on ne seroit pas trompé. Il justifia mes promesses ; & à la seconde année, il en plaça plus de deux cens. Quelle confiance n’auroit-on donc pas à un homme député par une paroisse, qui répondroit de la qualité & de la durée du vin ? Puisse un établissement aussi utile avoir lieu ! il s’en formeroit bientôt un grand nombre ; & les colporteurs, les commissionnaires, vraies sangsues du cultivateur, seroient réduits à faire un métier plus honnête, ou du moins ils le rendroient honnête, en se comportant avec moins d’avidité, & plus de probité.

De l’exportation hors du royaume. Supposons la société établie, & ayant déjà fait l’essai de ses forces dans l’intérieur du royaume : elle sait que