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en toute occasion, veut-on contrarier la nature ? Si la graine de deux ans valoit mieux que celle de la première année, la nature n’auroit pas donné à cette dernière la facilité étonnante qu’elle a de germer, (ainsi que les semences de toutes les cucurbitacées) dès que la chaleur de l’atmosphère est au point convenable à son développement. La germination des graines est soumise à des loix physiques : on aura beau faire, la graine de persil restera, de trente à quarante jours, avant de sortir de terre. Celle d’acacia, d’aubépin, &c. germera la seconde année ; & sur cent graines de chaque espèce, à peine il y en aura dix qui pousseront dans la première. Choisissez la graine la mieux nourrie, & de l’année, & vous aurez de belles plantes ; ce que vous reconnoîtrez par expérience.

Les jardiniers des environs de Paris sèment au commencement d’octobre, & mettent une graine ou deux de concombre hâtif dans de petits pots de quatre pouces de diamètre : ils sont remplis d’une terre préparée, moitié terre légère & moitié terreau, & les pots sont aussitôt rangés contre de bons abris. Si les deux graines germent, on supprime, après quelques jours, la moins bien venue.

Tant que la saison se maintient belle, ces pots exigent seulement les arrosemens nécessaires : les matinées & les nuits deviennent-elles froides, il faut se servir des paillassons : enfin, la gelée commence-t-elle à se faire sentir, les paillassons deviennent insuffisans ; les pots exigent d’être mis sous cloche, ou sous des châssis, & dans une couche ; & à mesure de l’augmentation du froid, vous augmenterez les réchauds, (voyez le mot Couche) la grande paille sur les cloches.

Dès que les premières fleurs commencent à paroître, on choisit un temps doux ; l’on dépote chaque plante, en prenant le plus grand soin de retenir la terre attachée aux racines ; on la porte & on la plante sur une couche neuve, garnie de ses cloches ; enfin, on l’arrose légèrement.

Si les concombres ont été semés en octobre, ils fleuriront en février, & leurs fruits seront mûrs en avril. Ceux semés en novembre & décembre, supporteront plus difficilement les rigueurs de l’hiver, & la maturité de leurs fruits sera plus tardive. Telle est, d’après l’auteur du Nouveau Laquintinye, la méthode des jardiniers jaloux d’avoir des primeurs. Voici la méthode ordinaire, telle qu’il la décrit.

« La pratique ordinaire est de semer, à la fin de novembre ou décembre, sur couche, une vingtaine de graines de concombre hâtif sous chaque cloche, que l’on borne, & que l’on couvre de paillassons ou de litière, &c. suivant que le temps est plus ou moins rude. Trois semaines, ou un mois après, repiquer le jeune plant sur une couche neuve, (qu’il faut réchauffer exactement) cinq ou six pieds sous chaque cloche, & lui donner de l’air, toutes les fois qu’il est supportable ; un mois après, le planter en place & à demeure, à dix-huit pouces ou deux pieds l’un de l’autre, sur une troisième & dernière couche, chargée de dix à douze pouces de terre meuble, mêlée d’une moitié de terreau. Les maraîchers, (Voyez ce mot) ne la