Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/475

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couvrent que de sept ou huit pouces de terreau, & forment le dernier lit de la couche avec le fumier le plus menu, qui supplée à la trop petite épaisseur du terreau. Lorsque ce plant est assez fort, rabattre la tige, en la coupant, & non en la pinçant avec l’ongle, au-dessus de la seconde feuille : c’est ce qu’on appelle faire la première taille… rechauffer la couche au besoin, pour y entretenir une chaleur modérée, & non trop forte : ce point est important… couvrir le plant avec soin, le découvrir toutes les fois qu’un rayon de soleil, ou un temps doux le permet… arroser avec de l’eau échauffée au soleil, ou tiédie au feu, si la longueur du plant en indique le besoin… lorsque la tige rabattue a poussé ses deux branches ou bras, les arrêter à deux yeux ; & lorsque les secondes branches montrent du fruit, les pincer ou couper avec l’ongle, à un œil au-dessus du fruit ; & tailler de même les branches qui sortiront successivement les unes des autres. Comme cette multiplication des branches produiroit de la confusion, élaguer, de temps en temps, les branches gourmandes & stériles, celles qui sont trop foibles pour bien nourrir leurs fruits ; retrancher les feuilles dures, & une partie de celles qui sont éloignées du fruit, qui lui font trop d’ombrage, & lui dévorent la sève nécessaire à sa nutrition[1] ; donner de l’air, le plus souvent qu’il est possible : si le plant n’est pas sous châssis, mais sous cloches, & que les branches ne puissent plus être contenues sous les cloches, les laisser sortir & étendre en liberté, avec l’attention de couvrir la couche avec des paillassons soutenus par des baguettes, si l’on est encore menacé de quelque gelée. Enfin, lorsque le fruit commence à avancer, & que la saison amène des jours de chaleur, comme il arrive ordinairement en avril, il faut commencer à donner à cette plante, qui aime l’eau, des arrosemens abondans, & aussi fréquens que le besoin l’exige, & avoir grand soin de la tailler. Avec ces soins, les premiers fruits doivent être bons à couper au commencement de mai, si les rigueurs de l’hiver, & des premiers jours du printemps, n’ont pas été excessives : mais, en suivant cette méthode, il seroit bien plus avantageux d’élever le plant dans de petits pots, jusqu’à ce qu’ils soient assez forts pour être mis en place ; parce que, comme je le répète pour la dernière fois, les transplantations altèrent beaucoup sa force, & retardent son progrès : les concombres, bien cultivés, donnent du fruit pendant deux ou trois mois.

» Le concombre tardif exige bien moins de soins & de dépenses. Au commencement d’avril, on fait, dans une plate-bande d’espalier, ou dans un terrein abrité, des fosses d’environ un pied cube, éloignées

  1. Je suis bien éloigné de penser comme l’auteur ; l’expérience prouve que les plantes se nourrissent plus par leurs feuilles que par leurs racines. Si des feuilles couvrent le fruit, & le garantissent des rayons du soleil, on les détournera ; mais on ne les coupera pas.