Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/476

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de deux pieds l’une de l’autre ; on les remplit de terreau gras, ou de fumier bien consommé, recouvert d’un peu de terreau fin, ou mieux de terre meuble, mêlée d’égale partie de terreau. Vers la mi-avril, on sème, dans chaque fosse, deux ou trois graines : jusqu’à la fin de mai, on défend, des gelées tardives, les jeunes plants, avec des cloches ou des pots renversés, ou des paillassons soutenus sur un treillage, & bordés de fumier de litière. Lorsque le plant est en sureté, on ne laisse qu’un pied dans chaque fosse : tout le reste de leur culture consiste à les arroser abondamment, & à les tailler exactement, à mesure que le fruit arrête sur les branches. Semés sur couche en mars, & mis en place entre la mi-avril & le commencement de mai, dans les fosses garnies de terreau, ou dans une couche sourde, ils ont bien plus d’avance, sur-tout s’ils ont été élevés dans des pots, &, par conséquent, donnent plutôt de fruit : d’ailleurs, n’étant sur une couche qu’à quatre à cinq pouces de distance, il faut moins de temps & de verre, ou de paillassons, pour les défendre du froid.

» Les amateurs de concombre peuvent s’en procurer jusqu’aux fortes gelées. Au commencement de juillet, on sème, à demeure, de la graine de concombre tardif sur une couche de litière fraîche & de fumier sec, mêlés ensemble, & recouverts de dix à douze pouces de bonne terre meuble. On soigne & on cultive le plant, suivant les besoins : lorsque les nuits commencent à devenir froides, ce qui arrive ordinairement dès le commencement de novembre, on couvre le plant avec des châssis vitrés, ou avec des cloches, & on ajoute, par la suite, des paillassons, de la litière, & autres couvertures nécessaires pour le défendre des grands froids. On a soin d’entretenir exactement la chaleur de la couche, par des réchauds, & on peut espérer de recueillir du fruit jusqu’aux fortes gelées.

» Les concombres destinés à produire des cornichons, se sèment en pleine terre, vers la fin de mai.

» Le concombre noir, & le concombre de Barbarie, se sèment sur couche à la fin d’avril, & se repiquent dans des fosses garnies de fumier consommé, ou dans une terre bien fumée ; le noir, à deux pieds de distance, celui de Barbarie, à six ou sept pieds. Comme leur principal mérite est de se conserver fort avant dans l’hiver, il suffit que leur fruit soit mûr avant les gelées, & placé dans un lieu sec & aëré : ils n’exigent que d’être taillés & mouillés au besoin. »

Les habitans du centre & du midi du royaume peuvent actuellement se rapprocher du plus ou du moins, suivant leurs facultés, de la culture en usage dans les environs de Paris : qu’ils fassent cependant la plus grande attention à la chaleur de leurs couches, & à l’activité du soleil des provinces méridionales ; tout seroit bientôt détruit. Si on n’excepte quelques jours, & parfois quelques semaines de gelées dans les mois de janvier & de février, la liqueur se soutient dans le thermomètre, à la hauteur de six, huit à dix degrés au-dessus du terme de la glace, & les plus fortes gelées ne passent pas cinq à six degrés ; dans ce cas, des paillassons,