Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rivière, sera très-avantageux, pourvu que la saison soit convenable.

On a observé que certaines plantes, telles que la piloselle, &c. constipoient la brebis. Le cultivateur doit donc prévenir cet inconvénient, en recommandant à ses bergers de ne pas conduire ses troupeaux dans des lieux ou ils peuvent rencontrer ces sortes de plantes. M. T.


CONTAGION. Contagion signifie communication : c’est la propriété qu’ont certaines maladies, de faire passer, d’un corps malade, dans un corps sain, les principes d’une maladie, par le moyen du toucher. La contagion diffère de l’épidémie, en ce que cette dernière répand ses principes plus actifs dans l’air, & que tous ceux qui respirent cet air infecté, gagnent la maladie, tandis que la contagion exige absolument le contact du corps du malade, ou des hardes qui le couvrent, pour communiquer les principes du mal au corps sain.

Presque toutes les maladies sont contagieuses, mais à différens degrés : celles qui le sont à un très-haut degré, sont les suivantes : toutes les fièvres malignes, putrides, éruptives ; petite vérole, rougeole, coqueluche, mal de gorge gangréneux, dyssenteries, scorbut, écrouelles, gale, dartres, & généralement toutes les maladies des enfans.

La phthisie, & les autres suppurations, tant internes qu’externes, peuvent aussi passer, du corps du malade, dans le corps sain, mais moins aisément que les maladies dont nous venons de donner l’énumération. Ceux qui, par état, visitent les malades, tels que les médecins & les chirurgiens, sont exposés à gagner les maladies pour lesquelles ils donnent leurs soins ; mais l’habitude les expose moins à contracter ces maladies, que les autres classes d’hommes : cependant, quand les médecins & les chirurgiens ne se conduisent pas prudemment, ils s’exposent à être les victimes de leur zèle, lorsque les malades qu’ils soignent, languissent accablés dans les maladies malignes & pestilentielles.

L’indiscrétion, le zèle mal-entendu, le défaut d’emplacement & la misère, sont les causes les plus communes de la contagion.

1°. L’indiscrétion. Au même instant qu’un individu est attaqué de maladie contagieuse, son asile est rempli, chaque instant du jour, d’une multitude d’hommes, de femmes & d’enfans : ceux qui sont dans l’asile du malade, courent les plus grands risques de contracter sa maladie, & leur présence nuit beaucoup au malade.

Premièrement, ils ajoutent à l’air qu’il respire, les différentes émanations qui sortent de leurs corps ;

Secondement, ils le fatiguent par leurs propos, & par l’aspect de la douleur répandue sur leur physionomie.

2°. Le zèle mal-entendu. Il est malheureusement dans l’ordre des choses ordinaires, que les arts les plus utiles à la société, & les plus difficiles dans leur étude, soient exercés par des gens qui, dépourvus de toutes connoissances dans ces arts, n’ont d’autre aiguillon que l’intérêt ou un zèle indiscret & mal-entendu : or ces gens, ignorant les vraies causes des maladies contagieuses, & ne connoissant pas les remèdes qui peuvent