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les combattre, & la conduite qu’il faut tenir dans leur administration, sont sans cesse auprès des malades, les tourmentent par des remèdes opposés à leurs maladies, rendent leurs maux plus douloureux, plus communicatifs, & finissent quelquefois par être les victimes d’un zèle respectable dans ses vues, mais indiscret dans sa pratique.

3°. Le défaut d’emplacement. Dans les grands hôpitaux, on voit communément les maladies contagieuses légères, devenir très-meurtrières, parce que la grandeur du local ne répond point à la multiplicité des malades, & qu’entassés les uns sur les autres, la contagion circule d’un infortuné à l’autre, par la voie du contact & de l’air qui n’est point assez renouvelé, & par le spectacle déchirant de la fin douloureuse de ces malheureux. Ces asiles de l’humanité souffrante sont des gouffres, où sont engloutis presque tous ceux que la douleur & la misère y entraînent.

Il existe des moyens pour détruire ou pour diminuer ces fléaux terribles qui moissonnent la classe des hommes la plus utile, disons mieux, la plus méritante.

La respectable Madame Neker s’occupe de cet intéressant objet pour la ville capitale. Ne seroit-il pas possible que le gouvernement aidât les efforts que les seigneurs de terres feroient infailliblement pour construire des hospices dans leurs possessions ? Nous avons médité long-temps sur ces établissemens, & nous espérons communiquer, dans peu au public, nos idées sur ce travail.

4°. La misère. Rien de plus commun, pour les gens de l’art, que d’avoir sans cesse sous les yeux, les tableaux multipliés & déchirans de la douleur, réunis & confondus avec ceux de la misère ; de voir ces êtres malheureux privés du nécessaire, attaqués de maladies contagieuses, renfermés dans un lieu étroit, humide, & à peine éclairé, environnés de femmes, d’enfans, de pères & de mères désolés, mourant de faim, & commençant à ressentir les effets funestes de la contagion, invoquer, d’une voix expirante, la mort, dont ils sont les images. De quelle utilité peut être l’art le plus salutaire, dans des circonstances aussi affreuses ? Est-ce par de stériles vœux, est-ce par des larmes qu’on peut éloigner la destruction ? Non, sans doute : que les âmes bienfaisantes jettent un instant les yeux sur ces tableaux, leurs cœurs saigneront ; & des hospices s’élèveront, à la place de ces autres antres de mort, pour arrêter les progrès de la contagion.

En attendant qu’un jour aussi pur brille pour l’humanité souffrante, donnons du moins des conseils à ceux qui, par état, soignent les malheureux attaqués de maladies contagieuses, & à ceux qui les visitent par zèle, afin qu’ils ne soient pas victimes de leur amour pour l’humanité, & afin que la contagion mette un terme à ses ravages.

Il faut que ceux qui soignent ou qui approchent les personnes attaquées de maladies contagieuses, éloignent des malades tous les gens dont les secours ne sont pas absolument nécessaires aux souffrans ; qu’ils les entretiennent proprement ; qu’ils emploient tous les moyens qui sont en leur puissance, pour purifier l’air qu’ils respirent ; qu’ils tranquillisent