Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/503

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employoit sans restriction, dans les pays chauds & secs, la méthode publiée par l’Archevêque de Dublin, on perdroit ses récoltes en grains : la chaleur est trop forte, les pluies trop peu abondantes, & l’activité du sel nuiroit à la végétation. Étudions le pays que nous habitons, & voyons s’il se trouve dans la même circonstance que celui dont on parle, avant d’adopter les pratiques, bonnes en elles-mêmes, mais en général mauvaises. L’emploi des coquilles peut être très-utile dans les cantons naturellement froids & pluvieux, comme en Normandie, en Bretagne, en Artois, en Flandres, en Picardie ; &c. mais, comme tel, nuisible en Provence, en Languedoc, le long du rivage.

Malgré ce que je viens de dire, j’adopte très-fort son usage, même pour ces provinces, avec la restriction suivante. Je voudrois qu’on fît, dans une fosse où l’on pourroit conduire l’eau à volonté, un lit de coquillage, un lit de fumier ; ce dernier double du premier, & ainsi de suite, jusqu’à ce que la fosse fût remplie : si c’est dans l’été, la remplir d’eau, afin que cette eau, aidée par la chaleur du fumier lors de sa fermentation, pénétrât les couches dont la coquille est formée ; peu à peu la combinaison savonneuse s’établiroit ; enfin, lorsqu’on tireroit de la fosse, un ou deux ans après, la coquille, elle seroit presque détruite, ou du moins entièrement pénétrée par le suc du fumier. Si on donne trop d’eau à ce fumier, la fermentation sera foible ; il faut simplement entretenir son humidité, & rien de plus. La première eau sera bientôt évaporée ans les pays chauds ; on doit concevoir que l’activité du sel calcaire est diminuée ; que, par son union avec la substance graisseuse, il a déjà formé la substance savonneuse ; enfin, que la masse de la coquille est plus susceptible d’être décomposée par l’air, par le soleil, par les pluies, &c.

Je désire encore que ces coquilles, que ce fumier, soit jeté sur les terres qui reposent ou sont en jachères dès le mois de novembre, & qu’il soit aussitôt enterré par un fort coup de charrue à versoir : il travaillera admirablement pendant cette année de repos, & ne brûlera pas la récolte de l’année suivante.


COR AUX PIEDS. Les cors sont de petits durillons ou excroissances qui viennent aux doigts des pieds.

Des personnes qui se servent de chaussures étroites ; des coups reçus sur cette partie, désorganisent quelquefois la peau, & donnent naissance aux cors.

Les charlatans sont encore en droit de guérir seuls les cors, suivant l’opinion populaire ; & ils réussissent dans cette incommodité, comme dans les autres, c’est-à-dire, qu’ils exposent les malades à être extropiés : ils se servent de caustiques, d’onguens âcres ; & il suit de l’usage de ces moyens, des incommodités plus dangereuses que celles qu’ils veulent guérir. On a souvent vu des érysipèles, des inflammations, des ulcères de mauvais genre, & des cancers mêmes, naître à la suite du traitement que les charlatans font aux cors.

Le peuple ne croit point aux moyens simples ; & le merveilleux reçoit seul ses hommages, dût-il