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amère, celle des racines est douce. Toute la plante est diurétique, vulnéraire, fébrifuge. L’expérience a prouvé que la racine provoquoit le cours des urines, entraînoit souvent les graviers contenus dans les reins ou dans la vessie. Elle est indiquée dans la colique néphrétique occasionnée par des graviers ; dans la jaunisse, par l’embarras des vaisseaux biliaires ; dans l’intempérie froide du foie, dans le gonflement du même viscère lorsqu’il n’est pas suivi d’inflammation ni de vive douleur.

Usages. On exprime le suc des feuilles & on le donne à la dose de quatre à six onces. On doit préférer la racine ; & lorsqu’elle est sèche, on la prescrit depuis demi-once jusqu’à une once en décoction dans six onces d’eau.

On donne aux animaux la décoction de la racine à la dose d’une à deux livres ; les semences macérées à la dose de demi-once dans huit onces de vin blanc. Il vaut mieux employer la racine.


Chardon à Foulon ou à Bonnetier. (Voyez Pl. I, page 43) M. Tournefort le place dans la cinquième section de la douzième classe, qui comprend les herbes à fleurs flosculeuses, dont les fleurons sont portés chacun dans un calice particulier, & il l’appelle dipsacus sativus. M. von Linné le place dans la tetrandrie monogynie & le nomme dipsacus fullonum. Ce n’est point un chardon ; on le place ici à cause de sa dénomination françoise.

Fleurs, composées de fleurons portés sur un réceptacle commun, mais séparés par des cloisons. La fleur B est un tube menu presque égal dans sa longueur ; les étamines sont au nombre de quatre & un seul pistil qui n’en est pas entouré comme celui des fleurons des chardons. La corolle repose dans le calice C en forme de tube terminé par une lame recourbée en dessous. À la base ou réceptacle général est un calice E formé par des découpures linéaires pointues, dentées, épineuses.

Fruit. Les semences D sont placées en forme de colonne, couronnées par le rebord du calice propre dont on vient de parler.

Feuilles, adhérentes à la tige qui les traverse à leur base, dentées, épineuses en leurs bords, avec une côte dans le milieu, armée en dessus d’épines dures.

Racine A, en forme de fuseau, fibreuse, unie, blanche & pivotante.

Port. Tige de trois ou quatre pieds de haut & souvent plus lorsqu’elle est cultivée dans un sol qui lui convient ; roide, creuse, cannelée, hérissée de quelques épines ; les fleurs naissent au sommet disposées en tête longue ; les feuilles opposées.

Lieu. Cultivée dans les champs ; elle naît au bord des chemins, fleurit en Mai, Juin & Juillet : la plante est bisannuelle.

Propriétés. La racine est inodore, d’une saveur amère. Elle est sudorifique, diurétique. C’est un urinaire assez actif pour chasser les graviers contenus dans les reins & dans la vessie ; elle favorise la curation de la jaunisse par obstruction des vaisseaux biliaires. Elle ne convient point aux phthisiques, & on lui a attribué sans preuve suffisante la propriété de guérir la fièvre quarte & la fièvre tierce.