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d’amandes douces écrasées, de l’oxicrat & de la limonade ; il faut bassiner la partie frappée du soleil avec l’oxicrat, faire, en un mot, le traitement de la grande inflammation, & employer les purgatifs acides, les tamarins à la dose de trois onces, lorsqu’il y a rémission, détente ou diminution bien marquée des symptômes caractéristiques.

On a conseillé l’usage des bains froids, & l’expérience a prononcé victorieusement en leur faveur ; mais il faut, auparavant de les employer, avoir vuidé suffisamment les vaisseaux ; sans cette précaution les accidens croîtroient ; on joint encore à ces moyens, les douches d’eau froide sur la tête.

Pour éviter les coups de soleil, il faut ne jamais s’y exposer la tête nue, pendant l’été sur-tout, & ne jamais s’endormir au soleil, après avoir mangé. Le soleil fait sur la tête l’effet d’un vésicatoire, il pompe & fait remonter dans cette partie toutes les humeurs indigestes.

Des coups reçus. Il arrive souvent qu’après des coups reçus sur différentes parties du corps, & notamment sur la tête, l’on reste dans un état d’asphyxie, semblable à celui des noyés, & réputé pour mort par des gens qui ne portent pas une attention scrupuleuse sur cette situation alarmante. Comme les malheureux qui sont dans cet état, sont absolument comme ceux qui ont été saisis par le froid, voy. Asphyxie & Noyés, pour les moyens qu’il convient d’employer, afin de rendre à la vie ces infortunés prêts à être engloutis encore vivans dans les tombeaux. M. B.


COURBATURE. Les courbatures, l’échauffement & l’abattement, sont plutôt des dispositions à la maladie que la maladie elle-même.

Les personnes attaquées de courbature éprouvent des lassitudes dans différentes parties du corps, des maux de tête, des étourdissemens, des insomnies, des dégoûts ; au plus léger travail qu’elles font, elles sont fatiguées considérablement ; elles sont tourmentées par des diarrhées ou dévoiemens qui se terminent quelquefois par des sueurs ou par des éruptions à la peau.

Cet état, si on n’y remédie promptement, conduit à une maladie grave. La matière propre à faire naître telle ou telle maladie, roule dans le torrent de la circulation, irrite par son acrimonie les parties sensibles, s’arrête par portion, sur tel ou tel organe, & produit tous les phénomènes dont nous avons fait plus haut l’énumération. Les veilles excessives, les alimens échauffans ou de mauvaise qualité, l’étude ou le travail portés au-delà des forces, les excès dans les plaisirs de l’amour, la masturbation, les maladies de la peau rentrées, les sueurs supprimées, les hémorroïdes & les règles arrêtées, les passions violentes ou profondes, la disette, & l’excès des fatigues, sont les causes qui donnent naissance à la courbature.

Peu d’indisposition mérite autant d’attention que la courbature : la médecine qui s’occupe des moyens de prévenir les maladies prêtes à exercer leurs ravages, n’a peut-être pas encore acquis assez de confiance de la part des hommes, & assez d’attention de la part des officiers de santé : pourquoi faut-il que le bien éprouve tant d’obstacles, tandis que le mal