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chemine rapidement sans être troublé dans sa course ? Ces réflexions n’ont pour but que de présenter les avantages que les hommes peuvent recueillir en s’occupant des moyens de prévenir les maladies graves qui les menacent, & qui sont presque toujours annoncées par des signes faciles à connoître, pour peu qu’on veuille les soumettre à l’observation.

Si l’abus des remèdes est dangereux dans toutes les maladies, c’est dans la courbature, sur-tout, que leur administration doit être fixée par des gens sages & éclairés, observateurs de la marche, des efforts & des ressources de la nature.

Après un examen réfléchi, on doit saisir la cause des courbatures, & proportionner les moyens à l’intensité, au genre & à l’espèce de la cause.

Chez les gens de la campagne, la courbature, signe avant-coureur d’une maladie grave, reconnoît souvent pour cause, la disette, l’excès des fatigues qui épuisent le corps après des travaux forcés, les sueurs rentrées, & les évacuations naturelles supprimées.

Dans ces circonstances, le repos, des alimens sains & de facile digestion, de bons bouillons, & du vin de bonne qualité, suffisent souvent pour arrêter les progrès du mal, sans qu’on soit forcé d’en venir à l’emploi des remèdes, qui, dans des cas semblables, tueroient infailliblement le malade : il n’existe malheureusement que trop de gens dans l’art de guérir, qui ne voient par-tout que l’usage indispensable des saignées, des émétiques & des purgatifs, & qui ne connoissant pas les ressources de la nature, en sont plutôt les bourreaux que les ministres. Le peuple lui-même est tellement séduit par les préjugés, qu’il refuse entièrement de soumettre à sa raison les observations les plus lumineuses, qui lui sont faites par des gens initiés dans la connoissance de la nature, & que, rejetant tous les moyens simples, qui seuls rétablissent sa santé, préviennent les maladies qui les menacent, & combattent celles qui existent : il ne donne sa confiance qu’aux moyens actifs, violens, & sur-tout secrets, que le vulgaire des soi-disans guérisseurs lui prône, & le force d’accepter. L’entêtement de l’habitude & de l’ignorance est tel que les exemples les plus sinistres ne jettent point de jour sur ces préjugés.

Si la courbature doit son origine aux évacuations supprimées, arrêtées ou rentrées, il faut en solliciter doucement l’apparition.

Si la courbature vient de mauvais levains dans l’estomac, il faut en solliciter la sortie par des boissons légères & abondantes, & faire ensuite usage des acides légers en boisson, & des lavemens légèrement purgatifs. Il faut se comporter de cette manière dans les différentes causes de la courbature ; si on n’est pas assez heureux pour prévenir la maladie qui menace, il est certain, du moins, qu’on en diminuera considérablement l’activité, si, à tous les moyens que nous venons d’indiquer, on joint le régime, remède le plus salutaire dans ces circonstances douteuses. M. B,


Courbature, Médecine vétérinaire. La courbature est une inflammation du poumon, occasionnée par un travail forcé, ou une fatigue outrée ou excessive.