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Le cheval est beaucoup plus sujet à cette maladie que le bœuf.

Symptômes. Il est triste, dégoûté ; il porte la tête basse, a la fièvre, bat des flancs, respire difficilement, tousse & jette par les naseaux une humeur glaireuse, tantôt jaunâtre, tantôt sanguinolente.

Causes. L’engorgement du poumon, dans la courbature, peut provenir de deux causes : ou de la raréfaction du sang, ou de son épaississement. 1°. Le sang étant mis en mouvement, s’échauffe, se raréfie, & se porte en abondance sur ce viscère ; 2°. ce fluide étant appauvri, & mis, pour ainsi dire, à sec, par des sueurs abondantes, à la suite des exercices outrés, il s’épaissit, circule difficilement, s’arrête en partie, & engorge les vaisseaux capillaires du poumon ; & de-là la courbature.

Traitement. D’après cette théorie, on doit bien sentir qu’il n’y a pas de temps à perdre, si l’on veut sauver la vie du cheval : la résolution étant le moyen le plus sûr & le plus prompt, il faut se hâter de la procurer. La saignée à la veine jugulaire sera donc pratiquée ; on la répétera même de quatre en quatre heures, & toujours en raison de l’état des symptômes. Il est à observer que des saignées au commencement de la courbature, sont plus efficaces que lorsqu’elle est dans son état, & qu’elles deviennent inutiles les cinquième & sixième jour. Dans l’intervalle des saignées, on administrera à l’animal, des breuvages d’une décoction de mauve & de guimauve, auxquels on ajoutera deux onces de miel, & une once de sel de nitre pour chaque : les lavemens émolliens ne seront pas oubliés. Si au bout du quatrième jour de ce traitement, la fièvre & les autres symptômes paroissent diminuer, c’est une preuve que la résolution veut se faire ; l’artiste doit saisir ce moment pour la favoriser, en donnant à l’animal des breuvages d’une forte décoction des baies de genièvre dans l’eau commune. Si l’on voit, au contraire, que l’animal jette, par les naseaux, une matière jaunâtre & séreuse, il faut favoriser la suppuration qui est établie, en faisant respirer au cheval la vapeur des herbes émollientes, telles que la mauve, le bouillon-blanc, &c. &c. L’expérience prouve qu’en pareil cas les fumigations sont un remède aussi prompt qu’assuré, d’autant plus qu’elles calment les douleurs, diminuent l’aréthisme des vaisseaux du poumon, détachent les humeurs, & en facilitent la sortie par les naseaux ; mais il faut prendre garde que la décoction, de laquelle les vapeurs doivent émaner, ne soit pas bouillante, ni trop près des naseaux du cheval ; elles feroient alors plus de mal que de bien ; l’animal battrait des flancs jusqu’à la fin des fumigations ; il risqueroit même de suffoquer, sur-tout si sa tête étoit couverte de manière à s’opposer à la dissipation des particules qui s’exhalent de l’eau bouillante, en les dirigeant dans les naseaux. Ces fumigations doivent se faire deux fois par jour, en observant de n’ôter la décoction de devant l’animal, que lorsqu’elle ne donne plus de chaleur. M. T.


COURBE, Médecine vétérinaire. C’est un gonflement de la partie inférieure & interne du tibia,