Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/572

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

matières indigestes dans les premières voies, un léger émétique les fait sortir ; & si la fièvre est ardente, on verse du sang ; on diminue les forces de la nature, en employant toujours les précautions que nous avons prescrites : il ne faut pas lui ôter toutes ses forces, il faut seulement les diminuer.

En suivant cette conduite éclairée, l’ennemi le plus redoutable peut s’apprivoiser. « La nature, dit le célèbre docteur A. Petit, est semblable à un jeune enfant ; dès qu’il peut prendre son essor, il faut le laisser aller seul, sans cependant quitter entièrement sa lisière, & lui fournir les alimens dont il a besoin pour se soutenir ».

Il ne faut jamais contrarier la marche de la nature, il faut applanir les routes qu’elle veut prendre : si elle indique la voie des urines, donnez de légers diurétiques ; si elle prend le chemin des sueurs, laissez le malade dans son lit ; chargez l’air qu’il respire de particules humides, pour obtenir la détente de la peau, & faciliter la sortie de la sueur, faites-lui boire abondamment quelques influions légères, qui portent à la peau ; &, dans toutes ces circonstances, évitez avec la plus scrupuleuse attention, de donner au malade des purgatifs. Si la nature n’est pas disposée à suivre cette route, vous la troublerez dans sa marche, & vous donnerez naissance à des maladies mortelles, par votre conduite indiscrette & ignorante.

Les évacuations sont-elles très-abondantes, n’employez aucun moyen pour les exciter ; suivez la marche de la nature. Mais dans une maladie, lorsque la nature n’indique nullement les lieux par où elle veut faire sortir la cause matérielle, quel parti faut-il prendre ? Quelle route faut-il suivre ? Rien de plus simple : il faut consulter l’expérience, & elle vous instruira : elle vous apprendra que, dans les maladies aiguës, de la poitrine, par exemple, la nature chasse, par la voie des crachats, la cause matérielle ; vous écouterez ses avis, & vous faciliterez la sortie des crachats.

Elle vous apprendra encore, que dans certaines fièvres putrides & bilieuses, la nature suit la voie des selles, &, dès le commencement de la maladie, le traitement de l’inflammation fait, vous solliciterez doucement l’écoulement des matières par les selles.

En vous conduisant de cette manière dans toutes les maladies, vous ferez fuir les fléaux destructeurs, & l’humanité vous comptera, avec complaisance, au petit nombre de ses bienfaiteurs.

Nous nous sommes un peu étendus sur cet article, afin de jeter du jour sur cette importante matière, si négligée & si peu connue, dans les campagnes sur-tout. M. B.


CRISTE-MARINE, ou BACILE, ou PERCE-PIERRE ou PASSE-PIERRE. Ce dernier mot n’est en usage que parmi le peuple : on la nomme encore Fenouil marin. M. Tournefort la place dans la quatrième section de la septième classe, qui comprend les herbes à fleurs en rose, disposées en ombelle, dont le calice se change en deux semences assez petites, & il l’appelle crithmum seu fœniculum minus. M. von Linné la nomme crithmum maritimum, &