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les labours sont également utiles aux terres légères : leur défaut étant d’avoir de trop grands espaces entre leurs molécules, la plupart n’ayant pas de communication les uns avec les autres, les racines traversent toutes ces grandes cavités, sans adhérer aux molécules de terre ; par conséquent, elles n’en tirent aucune nourriture, & souvent même elles ne peuvent point s’étendre faute de communication. Quand on est parvenu, par des labours réitérés à broyer les petites mottes, on multiplie les petits intervalles aux dépens des grands ; les racines qui ont alors la liberté de s’étendre, se glissent entre les molécules, en éprouvant une certaine résistance qui est nécessaire pour se charger du suc nourricier que la terre contient, mais qui n’est pas assez considérable pour empêcher l’extension des racines ».

M. Evelyn, qui pense, ainsi que M. Tull, que la seule division des molécules de la terre suffit pour la rendre fertile, assure que si l’on pulvérise bien une certaine quantité de terre, qu’on la laisse exposée à l’air pendant un an, en ayant attention de la remuer fréquemment, elle sera propre à nourrir toutes sortes de plantes ; d’où M. Tull conclut, mal à propos, que la grande fertilité ne dépend que de la division des molécules : par conséquent, plus on laboure une terre, plus on la rend fertile. On ne doit donc pas se borner, principalement pour les terres fortes, aux trois ou quatre labours qui sont d’usage avant d’ensemencer ; il y a des circonstances où il est nécessaire d’en faire un plus grand nombre : alors les terres produisent beaucoup plus que si elles avoient été fumées. L’auteur assure que l’expérience a toujours confirmé la vérité de ses principes touchant la fréquence des labours.

Des différentes façons de labourer les terres, c’est-à-dire à plat, par planches, par billons, M. Tull préfère cette dernière, comme étant la plus avantageuse au produit des terres. (Voyez le mot Billon)

Il distingue deux sortes de labours : ceux de préparation & ceux de culture. Les premiers sont faits pour disposer la terre à recevoir la semence : les seconds, pour tenir ses molécules dans un état de division, tandis que les plantes croissent, afin que leurs racines ayent la facilité de s’étendre. Il exige au moins quatre labours de préparation, avant de semer : le premier doit être fait sur la fin de l’automne ; les sillons doivent être très-profonds, autant que la qualité du terrein peut le permettre ; le second, au mois de mars, si la saison est favorable ; le troisième en juin, & le quatrième au mois d’août. Ces quatre labours, ajoute-t-il, peuvent suffire dans les terres qui ne produisent pas beaucoup de mauvaises herbes ; mais si elles deviennent abondantes, il faut labourer plus souvent afin de les détruire. Dans les terres fortes, glaises, argileuses, il ne veut point qu’on y mette la charrue, si elles sont trop humides, parce que les pieds des chevaux la pétrifient & la durcissent considérablement : il y a moins d’inconvéniens à labourer les terres légères, lorqu’elles sont humides. Cependant il croit que les meilleurs labours sont ceux qu’on fait dans un temps où la terre n’est ni trop sèche, ni trop humectée. Il