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récolte, car elles sont les plus foibles de toutes ; ainsi elles ont plus besoin que toutes les autres des secours qu’elles ne peuvent recevoir qu’en pratiquant la nouvelle culture, par l’adoffssement qu’on peut leur donner aux dépens de la planche voisine qui reste en guéret. Les labours que les plantes de ces rangées reçoivent au printemps, suffisent pour leur donner autant de vigueur qu’à celles du milieu des planches. Cette pratique s’étend également sur tous les autres grains, la luzerne, le sainfoin, &c. ».

Section IV.

De la Culture des plantes pendant leur végétation.

M. Duhamel est persuadé que rien ne contribue plus aux progrès des végétaux, que des labours faits à propos pendant l’accroissement des plantes. L’expérience lui a découvert trois principaux moyens, afin d’obtenir des récoltes abondantes : ils consistent, 1°. à faire produire aux plantes beaucoup de tuyaux ; 2°. à faire porter un épi à chaque tuyau ; 3°. à cultiver de façon que chaque épi soit entièrement rempli de grains bien nourris. Comme on ne peut, dit-il, opérer ces effets que par des labours réitérés, ce n’est pas en suivant la manière ordinaire d’ensemencer, qu’on les obtiendra, parce qu’il n’est pas possible de cultiver les plantes pendant leur végétation.

Si on veut que les plantes profitent des labours de culture, il est important de les faire dans des circonstances favorables. M. Duhamel pense, ainsi que M. de Châteauvieux, que le premier labour de culture a pour objet ; 1°. de procurer l’écoulement des eaux ; 2°. de préparer la terre à être ameublie par les gelées d’hiver. Il est donc essentiel de faire ce premier labour avant que la terre soit gelée : en conséquence de ce principe, M. Duhamel est du sentiment de donner une culture au blé, dès qu’il a trois ou quatre feuilles, en ayant la précaution de border les planches par un petit sillon, pour recevoir les eaux. Après les grands froids, ou, au plus tard, lorsque les plantes commencent à pousser, il fait donner un second labour : si l’on attendoit plus long-temps, il ne seroit point aussi avantageux ; il ne serviroit tout au plus qu’à faire alonger les tuyaux des plantes, sans les faire taller. Ce second labour est très-utile pour faire produire aux plantes plusieurs tuyaux chargés d’épis.

Avant que les blés soient défleuris, M. Duhamel, à l’exemple de M. de Châteauvieux & de M. Tull, fait donner plusieurs labours pour fortifier les plantes, alonger les tuyaux, donner de la grosseur aux épis, & détruire les mauvaises herbes. Il ne détermine point le nombre de ces labours, ni le temps convenable pour les faire : ils dépendent, selon lui, de l’état des terres, qu’on ne doit point labourer dans cette saison, si elles sont trop humides. Quand la saison est favorable, on peut multiplier les labours à son gré : il considère celui qu’on fait immédiatement avant que l’épi sorte du tuyau, comme le plus indispensable pour faire croître l’épi en grosseur & en longueur. Lorsque les fleurs sont passées, alors il est nécessaire de faire donner le dernier labour de culture, afin que le grain puisse prendre toute la substance dont