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culière, souvent plusieurs espèces & quelquefois un très-grand nombre. On compte près de cent espèces d’insectes qui vivent sur le chêne.

VII. Tout insecte, pendant sa vie, produit plus de trois fois son volume en excrémens. Tout insecte commence par être un ver ou chenille ; ce ver se dépouille plusieurs fois de sa peau, avant de se métamorphoser en chrysalide, d’où il sort en insecte parfait. Quelles quantités de dépouilles sur les champs couverts de plantes ! que de vers, que d’insectes vivent dans cette terre, & se nourrissent des racines, tandis que les oiseaux à bec long, y vivent aux dépens de toutes espèces d’insectes ! Fouillez les entrailles d’une terre inculte, à peine y trouverez vous quelques vers, les oiseaux même s’y reposeront seulement en parlant, parce qu’ils n’y trouveront pas leur nourriture. Voilà les matériaux employés par la nature, & qu’elle combine.

VIII. L’eau, l’air, les sels, l’huile, la terre soluble ou humus, se combinent dans la terre matrice. L’eau dissout l’humus & les sels ; chargée de l’un & des autres, elle devient miscible à l’huile & à la graisse, & leur mélange seroit impossible sans les sels qui sont le moyen de jonction de l’huile & de l’eau.

IX. Une semblable eau chargée de sel, & unie avec une huile ou une graisse, forme un vrai savon, dans lequel est incorporé l’humus, ou terre soluble, ou terre végétale, en raison de la grande atténuité de ses parties.

X. Toute substance savonneuse est susceptible de la plus grande solubilité & de la plus grande extension, sans discontinuité de les parties. La bulle de savon que l’enfant souffle avec un chalumeau de paille, en est la preuve ; & c’est une infiniment petite goutellette d’eau qui produit une bulle souvent de six pouces de diamètre.

XI. De cette perpétuelle combinaison préparée par les mains de la nature, dans son immense & inépuisable laboratoire, la sève est enfin formée.

XII. La sève est donc une substance savonneuse, qui porte dans la plante les élémens ou principes qui la constituent, & qu’on en retire par l’analyse.

XIII. Les trois principes les plus matériels n’auroient point entr’eux un lien d’adhésion sans l’air fixe, 1°. qu’ils contiennent, chacun séparément, avant de s’unir, & qu’ils combinent entr’eux par leur union ; 2°. par le même air fixe répandu dans l’atmosphère, que la plante absorbe à mesure qu’elle végète. L’Éternel formant notre atmosphère, l’a établi pour le réceptacle de toutes les émanations des corps qui végètent & qui se décomposent d’une manière quelconque.

XIV. La sève ou eau savonneuse, ou eau de végétation, aidée par la chaleur, soit naturelle de la terre, soit par celle de l’atmosphère, qui aiguillonne & augmente la première, rencontre les racines, & humecte leurs pores absorbans ; l’huile lubréfie leurs petits canaux ; la terre soluble, dans l’état de la plus grande, de la plus grande atténuation, monte avec eux, enfin l’air fixe finit par donner de la consistance à ces fluides dans la plante.

XV. Ces fluides sont encore trop grossiers, ils demandent à être épurés.