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navet, blanchâtre en-dedans & noirâtre en-dehors.

Lieu, les pays incultes ; la plante est annuelle & fleurit en mai & juin.

Propriétés. L’écorce de sa racine a un goût amer, salé, stiptique, gluant ; elle passe pour vulnéraire, pectorale & assoupissante. On a beaucoup vanté l’usage de cette plante ; elle est très-employée en médecine. Voici les observations de M. Vitet à son sujet. Les feuilles & la racine diminuent les forces vitales & musculaires, fatiguent l’estomac, procurent un mal-aise universel très-sensible & souvent dangereux, lorsque les feuilles & les racines sont récentes & prises à haute dose. Il n’existe point d’observations certaines qui prouvent qu’elle calme les maladies douloureuses ; qu’elles diminuent & suppriment la diarrhée bilieuse ; la diarrhée causée par des médicamens âcres, la dyssenterie bénigne, l’hémoptysie par une toux violente ; qu’elles détergent les ulcères des poumons, qu’elles arrêtent les progrès & les douleurs de la brûlure récente. Les pilules de cynoglosse font dormir, augmentent la transpiration insensible, diminuent pour quelques instans la diarrhée & la dyssenterie ; mais en supprimant une partie des matières excrétoires, elles produisent ordinairement des accidens fâcheux & rendent le mal plus grave. Elles sont nuisibles dans la pleurésie, dans la péripneumonie & l’asthme, La dose des pilules est depuis quatre grains jusqu’à vingt-quatre ; pour les animaux, on donne la décoction des feuilles à la dose d’une poignée sur deux livres d’eau.


CYPRÈS, improprement appelé Femelle. M. Tournefort le place dans la troisième section de la dix-neuvième classe, qui comprend les arbres à fleurs en chaton, dont les fleurs mâles sont séparées des fleurs femelles, mais sur le même pied, & dont le fruit écailleux est en forme de cône, & il l’appelle cupressus meta in fastigium convolutâ quæ fæmina plinii. M. von Linné le nomme cupressus semper virens, & le classe dans la monoecie monadelphie.

I. Description. Fleurs mâles & femelles sur & même pied ; les mâles composées de quatre sommets d’étamines, attachés à la base d’une écaille, & c’est l’assemblage de ces écailles qui forme un chaton ovale ; les fleurs femelles Sont rassemblées en forme de petits cônes écailleux, composés de germes à peine visibles, placés à la base de chaque écaille.

Fruit, cône presque rond, composé de petites portions rondes & anguleuses, qui se séparent dans la maturité & entre lesquelles on trouve de petites Semences anguleuses, aiguës.

Feuilles, espèce de petites écailles verdâtres, pointues, rangées comme des tuiles en recouvrement les unes sur les autres, le long de petits rameaux quarrés.

Port, très-grand arbre dans nos provinces méridionales, formant une belle pyramide, ses branches resserrées les unes contre les autres ; le bois odoriférant, presque incorruptible ; les fleurs & les fruits épars, les feuilles opposées toujours vertes. Dans les provinces du nord, sa couleur verte tire sur le noir pendant l’hiver, & son ton est plus bleuâtre dans celles du midi.

Lieu, l’orient ; très-commun en Italie, en Provence, en Languedoc.