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leur action est moindre. La meilleure forme qu’on puisse donner à la flèche est la droite & la courbe tout à la fois, c’est-à-dire, droite depuis le tenon par lequel elle l’assemble au sep, jusqu’après la mortoise du dernier coutre où elle est continuée en ligne courbe, pour aller reposer sur la sellette. Cette forme est la meilleure qu’on puisse lui donner pour l’action des coutres, parce que la pointe du dernier se trouve aussi près du terrein que celle du premier, leurs longueurs étant égales. Cependant, comme on est souvent obligé d’avancer la flèche sur la sellette, & que cet avancement élève plus au-dessus du terrein la partie où est placé le dernier coutre que celle où se trouve le premier, il est bon que le dernier soit toujours d’un ou deux pouces plus long que les autres.

Pour les versoirs, ou oreilles des charrues, on choisit un bois dur, auquel on puisse donner tout le poli qu’exigent ces pièces, en raison des résistances qu’elles éprouvent. On doit, autant qu’il est possible, chercher à diminuer les frottemens ; ce sont des obstacles qui retardent la marche de la charrue, & rendent son action plus lente : on y parvient par l’extrême poli qu’on donne à ces pièces. Tous les bois n’en étant pas également susceptibles, il y a par conséquent du choix à faire. Le versoir est fait ordinairement du même bois que le sep ; lorsqu’il est bien uni, la terre, quoique humide, ne s’y attache pas aisément.

La forme du versoir contribue beaucoup à accélérer ou retarder la marche de la charrue, & à l’effet qu’elle doit produire, qui est de bien renverser la terre sur le côté. La plupart des ouvriers imaginent qu’une planche quelconque, pourvu qu’elle soit un peu contournée, est un versoir qu’ils peuvent adapter à une charrue, sans faire attention à prévenir les frottemens qu’il est dans le cas d’éprouver quand il avance dans la terre. Cependant l’expérience démontre que le versoir éprouve presqu’autant de frottement que le sep, puisque le laboureur est continuellement obligé d’appuyer sur les manches du côté du versoir, autrement sa charrue seroit bientôt renversée sur le côté opposé, à cause des obstacles que rencontre le versoir de la part de la cohésion des particules de la terre, dans la marche de la charrue. Un ouvrier intelligent doit donc chercher à lui donner la forme la plus convenable pour diminuer les frottemens, afin que les obstacles à surmonter étant moindres, la marche de la charrue ne soit point retardée. Le laboureur ayant alors moins de peine à la tenir dans l’assiette qu’elle doit avoir au fond du sillon, & la gouvernant avec aisance, le labour sera très-uniforme.

Plusieurs ouvriers donnent au versoir la forme d’un coin prismatique, dont le tranchant est vertical ; d’autres font son plan extérieur convexe dans le haut, & concave en bas ; d’autres enfin, & c’est assez l’ordinaire pour les charrues légères, lui donnent une forme absolument plate ; de sorte que ce n’est exactement qu’une planche très-unie, avec une bande de fer appliquée au côté inférieur, qui entre dans la terre, pour empêcher qu’elle ne s’use trop vîte par les frottemens.