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M. Arbuthnot, membre de la Société royale de Londres, dans un mémoire qui a été communiqué à l’Académie royale des Sciences de Paris, & qu’on trouve dans le Journal de Physique, au mois d’Octobre 1774, nous apprend qu’il a trouvé par expérience, que la forme d’un coin prismatique qu’on donne assez communément aux versoirs, n’est pas la plus favorable à diminuer les frottemens, pour rendre la marche de la charrue plus aisée. Il a observé que la terre s’y attache dans l’angle formé par le soc & le versoir ; de façon que la nature même du labourage semble indiquer que cette surface doit être courbe. Il a pensé que la semi-cycloïde étoit apparemment celle qui opposeroit le moins de résistance dans son opération pour ouvrir la terre. En effet, cette courbe descend si doucement, tandis que la pointe du cercle générateur est au-dessus de son axe, qu’en la renversant pour former la pente depuis le sommet du versoir, jusqu’à la pointe du soc, il s’attendoit à un effet le plus avantageux pour la pratique. Il fit donc exécuter son projet, en donnant un diamètre de seize pouces au cercle générateur ; il eut la satisfaction de voir que sa nouvelle charrue alloit beaucoup mieux qu’aucune autre, sans avoir besoin d’une aussi grande puissance à l’attelage pour labourer : il observa cependant qu’en labourant dans une terre légère & friable, sa charrue ne déchargeoit pas assez vîte la terre de côté ; au lieu de la semi-cycloïde, il adopta la courbure de la moitié d’une demi-ellipse pour sa charrue, en la formant avec une sémi-transverse de la même hauteur de seize pouces, dont les foyers étoient à une pareille distance du centre commun. Celle-ci labouroit mieux que la première, dans une terre friable & légère ; mais l’autre, formée avec la semi-cycloïde, la surpassoit de beaucoup dans les terres fortes, & faisoit encore mieux quand les sillons étoient profonds. Dans un cas pareil, il est bien aisé d’en juger par la forme de sa courbure, qui doit tendre à surmonter plus aisément la résistance du terrein, dont le seul obstacle est toujours plus grand que tous les autres réunis.

La courbure dont il vient d’être parlé, ne regarde précisément que la forme du devant du versoir : elle est formée par l’extrémité des coupes horizontales de sa solidité, mais dont la surface totale qui en résulte, est concavo-convexe. M. Arbuthnot avoue qu’il n’est point parvenu à la configurer de la sorte par aucune discussion théorique, mais par la simple expérience accompagnée d’une observation assidue, sur la manière avec laquelle la terre rencontre le versoir ; comment elle s’y attache ou détache en différentes circonstances ; comment elle tombe & est plus ou moins renversée ; ayant égard aux endroits qui s’usent les premiers dans différentes charrues : ce qui montre où est le plus grand frottement, ou la plus grande résistance à surmonter.

Les manches des charrues ne doivent point être faits avec un bois trop léger ; on doit considérer le manche de la charrue comme une espèce de levier, qui sert de gouvernail au conducteur, dont la pesanteur doit entrer en balance avec