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bois n’est qu’une partie accessoire &, pour ainsi dire, étrangère au corps du cerf ; elle a tous les caractères du végétal, par rapport à sa production ; & dans l’analyse, elle paroît participer également de la nature des os & de celle de la corne, entre lesquels il tient le milieu.

La couleur du poil du cerf, ou le pelage, en terme de vénerie, est le fauve ; il s’en trouve de bruns & même de roux. En général, le cerf a l’œil bon, l’odorat exquis, l’oreille excellente. Pour écouter, il lève la tête, dresse les oreilles, & alors il entend de très-loin. À un naturel doux & simple, il joint la ruse & toutes ses ressources, lorsqu’il est poursuivi. Il paroît écouter avec plaisir le son du chalumeau ou du flageolet ; il paroît moins craindre l’homme que les chiens ; il est même susceptible d’être apprivoisé : alors il devient familier & vient manger dans la main. On a essayé de l’accoutumer à être monté ou à tirer de légers chars. La seconde tentative a réussi beaucoup mieux que la première.

La nourriture du cerf varie suivant les saisons. En automne, après le rut, il cherche les boutons des arbustes verts, les fleurs de bruyères, les feuilles de ronces, &c. En hiver, lorsqu’il neige, il pèle les arbres & se nourrit d’écorce, de mousse. Lorsqu’il fait un temps doux, il va viander (paître) dans les blés ; au commencement du printemps, ils cherchent les chatons des trembles, des marsaules, des coudriers ; les fleurs & les boutons du cornouiller, &c. En été, ils ont de quoi choisir ; mais ils préfèrent les seigles à tous les autres grains, & la bourdaine aux autres arbres. En général, dans tous les pays où la puissance & la loi du plus fort laissent multiplier les cerfs pour les plaisirs de quelques hommes, les cerfs & ses biches font de très-grands ravages dans les jeunes taillis, les blés & les vignes.

La chair du faon est bonne à manger ; celle de la biche & du daguet n’est pas absolument mauvaise ; mais celle des cerfs a toujours un goût désagréable & fort. La peau du cerf fournit un cuir souple & très-durable ; le bois ou la corne est employé par les couteliers & fourbisseurs pour des manches. La corne du cerf est une des substances animales le plus employées en médecine. Elle contient abondamment une gelée douce, très-légère & assez nourrissante. On l’extrait en la faisant bouillir réduite en parcelles très-petites dans huit à dix fois son poids d’eau. Par la distillation, on en obtient de l’esprit volatil, & un sel que l’on emploie avantageusement comme un bon antispasmodique. L’huile de corne de cerf, rectifiée à une douce chaleur, devient très-blanche, très-odorante, très-volatile & presqu’aussi inflammable que l’éther. Elle est connue sous le nom d’huile animal de Dippel, Chymiste Allemand, qui l’a le premier préparée. On s’en sert utilement dans les affections nerveuses, l’épilepsie, &c. en l’employant par gouttes.

Nous n’entrerons dans aucun détail sur la chasse du cerf, renvoyant aux ouvrages qui en traitent particulièrement. M. M.

Il seroit à désirer pour le bien de l’agriculture & de l’agriculteur, que ces animaux n’existassent pas. Les champs sont abîmés par eux, les pousses des taillis sont dévorées,