Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/76

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pas d’un diamètre égal ; celle qui est à droite est plus grande que celle qui est à gauche, parce qu’elle va dans le sillon ; ce qui la met à peu près au niveau de l’autre qui est plus petite. Cette inégalité des roues empêche la charrue de verser : si elles étoient égales, l’une tournant dans le sillon, l’autre sur la surface de la terre, la charrue pencheroit nécessairement du côté de la roue qui est dans le sillon, & souvent tout l’effort du conducteur, ne pourroit empêcher la charrue de se renverser. La différence de leur diamètre est le plus communément de six à sept pouces.

Cette inégalité des roues ne doit jamais avoir lieu quand le versoir est amovible, parce que la charrue culbuteroit nécessairement lorsque le versoir se trouveroit du côté de la plus petite. Dans les terreins absolument plats elle est assez inutile ; l’une des roues n’est jamais si fort élevée au-dessus de l’autre, pour craindre que la charrue soit renversée. Lorsque le versoir est fixé au côté droit de la charrue, comme à celle de Champagne, & que les terres qu’on laboure sont divisées par billons, la roue à droite, ou du côté du versoir, doit être nécessairement d’un diamètre plus grand que celle qui est à gauche, parce que la manière de labourer ces pièces de terre est de commencer à gauche, & d’aller ensuite à droite ; de sorte qu’on entame un billon des deux côtés, & on le termine par le milieu. La roue à gauche, outre qu’elle se trouve plus basse que celle qui est à droite, à cause de la position du terrein, a encore son mouvement de rotation dans le sillon, tandis que l’autre l’a sur la surface du sol ; si le diamètre des roues étoit égal, celle qui est à gauche ne résisteroit point à l’action du versoir qui fait effort pour renverser la terre sur le côté, la charrue par conséquent seroit culbutée à gauche, parce que le conducteur ne seroit point assez fort pour maintenir l’équilibre.

Le patron, ou la traverse percée, dans laquelle passe l’essieu des roues, est de dix à onze pouces de longueur, sur quatre pouces & demi, ou cinq d’équarrissage, ce qui détermine la longueur de l’essieu des roues, parce que le patron arrive exactement jusqu’aux moyeux des deux roues. Il n’est guère possible de réduire cette longueur, les roues seroient alors trop rapprochées, la charrue par conséquent ne seroit point dans une position solide quand elle marcheroit. M. Duhamel du Monceau a réduit la longueur du patron jusqu’à huit pouces ; la distance des roues ne devoit point être assez considérable pour que la charrue fût ferme dans sa marche. M. Tull, au contraire, l’a portée jusqu’à deux pieds ; il est vrai que sa charrue est extrêmement forte, & que sans cette longueur du patron, qui décide de la distance des roues, elle auroit risqué de culbuter à tout instant. La distance d’une roue à l’autre doit toujours être au moins de dix-huit à vingt pouces : ce n’est point trop de deux pieds pour les charrues de la première force.

La sellette placée sur le patron, pour recevoir & supporter l’extrémité de l’âge ou de la flèche, a communément douze à treize pouces de hauteur, & deux pouces & demi d’épaisseur ; sa largeur est de même