Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/111

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par exemple, tant en espaliers qu’en contre-espaliers, ressemblent, sans l’ébourgeonnement, à des hérissons. Comme ils poussent différemment qu’un pêcher & qu’un pommier, ils doivent aussi être ébourgeonnés d’une autre manière. Ils n’exigent pas non-plus la même précision ni la même correction. Leurs boutons toujours gros & nourris, parce que leurs fruits sont par paquets, sortant du même œil, & qu’ils sont abondans en sève, ont besoin d’un plus grand nombre de branches, pour servir de réservoir & de mères-nourrices : ils poussent moins de branches à bois seulement, que de branches à fruit. »

« Le cerisier fait aussi éclore sur le vieux bois quantité de brindilles en devant, (voyez ce mot) qui sont précieuses, & des branches fortes souvent aplaties, avec des côtes cannelées, qui prennent beaucoup de sève ; on ne conservera celles-ci qu’autant qu’elles seront en nombre égal de chaque côté. La figure qu’il doit avoir, est celle d’un éventail régulier. Jamais ses branches perpendiculaires ou demi-perpendiculaires ne s’approprient toute la sève comme celle du pêcher. S’il s’emporte du haut, quoiqu’il se dégarnisse rarement par le bas, rapproché à la taille, il pousse assez aisément. La façon de le travailler à l’ébourgeonnement, est de lui ôter les rameaux trop nombreux, de laisser tous ceux qu’on peut palisser, quand même ils seroient trop drus, de conserver les lambourdes de côté, (voyez ce mot) & celles qui sont droites & courtes en-devant. Ces dernières donnent les plus beaux fruits & les plus abondans. On les retranche ensuite, lorsque de nouvelles lambourdes les remplacent. »

« Un cerisier en espalier au levant, bien dressé, ébourgeonné à propos, & palissé suivant les règles, forme un riche coup d’œil, sur-tout lorsque, paré de ses fruits, il étale ses rameaux souples, dont le feuillage d’un vert brun & obscur, contraste avec le bel incarnat de ses fruits, qui pendent négligemment au bout d’une queue alongée. »

« L’ébourgeonnement, fait de la manière indiquée, influe tellement sur la suite de l’ouvrage, qu’on est sur de ne pas s’y reprendre à plusieurs fois ; on n’a plus qu’une simple recherche à faire de temps en temps : les arbres ayant eu le loisir de jeter leur feu, deviennent plus sages, sans être épuisés, altérés ni fatigués. » C’est ainsi que M. de Schabol s’explique & parle en maître de l’art. Que de préceptes & d’exemples instructifs pour ceux qui se livrent à la taille des arbres, & en particulier pour ceux qui n’ont jamais été à même d’examiner sur les lieux, les arbres conduits par les Montreuillois !


Ébourgeonnement de la Vigne. Cette opération est inconnue en général dans nos provinces, où on la cultive à la charrue. Je conviens qu’elle est moins essentielle que par-tout ailleurs, parce que le climat lui est très-favorable : cependant, pourquoi laisser épuiser le cep à produire du bois inutile ? Dans les provinces, au contraire, où l’on nourrit beaucoup de chèvres & de vaches à l’écurie, le paysan ébourgeonne trop sévèrement ; il est aisé d’en sentir les raisons : non-seulement il détruit les sarmens inutiles, mais