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De-là résulte un danger éminent dans l’usage de ces eaux-de-vie. Il devroit y avoir des inspecteurs de brûleries.

3o. La cheminée doit parfaitement tirer, sans quoi le feu auroit peu d’activité ; il faudroit plus de temps pour distiller une masse de vin donnée, & par conséquent payer plus long-temps les ouvriers. La cheminée sera montée droite dans son intérieur, bien unie, & son ouverture supérieure aura absolument le même diamètre que l’inférieure. C’est une erreur de penser qu’une cheminée montée en pyramide, c’est-à-dire plus large dans œuvre à sa base & plus étroite à son sommet, tire mieux. L’ouverture de la cheminée sera de même diamètre que celui de sa bouche du fourneau. Voilà la bonne règle.

4o. Le serpentin. La forme actuelle & généralement reçue ne vaut rien. Il le faut du triple & du quadruple plus large dans le haut que dans le bas, & son diamètre doit diminuer insensiblement.

5o. La pipe ou réfrigérant ne sauroit être trop élevée, trop vaste, sur-tout si on n’emploie pas le rafraîchissoir proposé par M. Munier, & dont il est question, page 375 du mot Alambic. Un tuyau de décharge, placé dans la partie supérieure de la pipe, & d’un diamètre un peu plus grand que celui du rafraîchissoir, facilitera l’écoulement de l’eau chaude, tandis que l’eau froide, sans cesse renouvelée, restera au fond de la pipe. Il est possible de tirer parti de cette eau chaude, qui, étant plus légère que l’eau froide, monte toujours à la superficie. On peut l’employer à remplir les tonneaux, (voyez ce mot) ou pièces destinés à recevoir dans la suite l’eau-de-vie. Cette eau y demeurant pendant plusieurs jours, & étant renouvelée par une seconde ou une troisième eau chaude, se chargera de la partie extractive & colorante du bois, que se seroit appropriée l’eau-de-vie.

6o. Le bassiot ou récipient doit être fermé par-dessus, & percé de deux trous, l’un pour recevoir l’esprit ardent, & l’autre pour laisser échapper l’air. Je désirerois qu’à l’ouverture destinée pour recevoir l’eau-de-vie, on pratiquât un petit tuyau en bois, qui iroit jusqu’au fond du bassiot, & ce tuyau seroit percé dans le bas de plusieurs trous, par lesquels l’eau-de-vie se répandroit dans le bassiot, & s’élèveroit insensiblement jusqu’à la partie supérieure. On éviteroit, par ce moyen, l’évaporation d’une quantité d’esprit, sur-tout si le filet qui coule du serpentin n’est pas parfaitement froid. Je désirerois encore que la seconde ouverture fût fermée par une soupape légère & mobile, afin que le bassiot, étant trop plein d’air, il pût la soulever au besoin, & qu’elle se refermât ensuite d’elle même. Tant qu’on distillera suivant la coutume ordinaire, tant que le filet d’eau-de-vie sera chaud, je conseille de se servir du bassiot proposé par M. Moline, représenté, Figure 6, page 367. La Figure 12, page 353 représente le faux bassiot. Dans quelques endroits, le bassiot plein d’eau-de-vie est appellé buguet ; on l’enlève pour lui en substituer un autre, & il sert à transporter l’eau-de-vie dans les tonneaux ou pièces.

7o. La Jauge, Figure 16, page 353,