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instrument de bois, ordinairement d’un pouce en quarré, d’une hauteur indéterminée. Il est gradué conformément au diamètre & à la hauteur du bassiot. Par exemple, la hauteur d’un pouce correspond à six ou à dix pintes d’esprit ardent contenues dans le bassiot. Lorsque le bassot n’est percé que d’un seul trou, on plonge la jauge par celui qui reçoit l’eau-de-vie ; lorsqu’il y en a deux, on la plonge par l’autre.

Afin d’étalonner exactement cette jauge, on prend un vase qui contienne juste une verge ou une velte (mots usités dans la fabrique). La verge ou velte contient huit pintes, mesure de Paris ; on vide le contenu dans le bassiot, & sur la jauge on marque la hauteur ; ainsi de suite. Afin de prévenir la négligence de l’ouvrier, & pour ne pas avoir la peine de jauger sans cesse, on prend un morceau de liège ; par exemple, d’un pouce d’épaisseur sur trois à quatre de largeur ; on implante dans le milieu, d’une manière solide, une tige de bois mince & gradué ; on la place dans le bassiot dont le couvercle est mobile ; & à mesure que l’eau-de-vie le remplit, cette jauge s’élève par le trou du bassiot, opposé à celui qui reçoit l’eau-de-vie ; de cette manière l’ouvrier voit sans cesse ce qu’il fait.

8°. La preuve ou éprouvette, Fig. 15, page 353, est un petit vase de verre ou de cristal de trois à quatre pouces de longueur, sur six à nuit lignes de diamètre intérieurement, qu’on remplit à moitié d’eau-de-vie. On bouche son ouverture avec le pouce, & on frappe vivement contre la cuisse avec l’instrument : la manière d’être des bulles qui se forment, leur plus ou moins longue tenue, annoncent à quel titre est l’eau-de-vie ; si l’eau-de-vie qui coule du serpentin, est marchande, ou si elle perd, c’est-à-dire, si elle est trop chargée de phlegme, ou si elle est à un titre plus haut que celui prescrit par l’ordonnance. Quoique cette manière de juger se soit pas bien exacte, cependant lhabitude lui donne un degré de précision qui étonne ; il vaut mieux se servir des aréomètres, (Voyez Pl. 19 page 639 du Tome I)

9°. Une pelle, un tisonnier sont les autres instrumens.

II. Du local de la brûlerie. Ce que j’ai dit de remplacement d’un cellier (voyez ce mot) s’applique à une brûlerie, & il peut même en servir ; ce sera une économie, puisqu’il ne faudra pas des charrois, ni multiplier les bras, quand il s’agira n’apporter le vin destiné à la distillation. Il y a plusieurs observations très-importantes à faire, avant de bâtir ou d’élever une brûlerie ; dans les grands atteliers, point de petite économie.

1. L’eau. Il en faut beaucoup ; si on est obligé de s’en pourvoir par charrette ou à dos de mulet, quelle dépense ! Comme elle est journellement répétée, elle va très-loin : si on doit la tirer à bras, d’un puits, d’une citerne, &c. c’est encore des journées à payer. Il est donc essentiel de s’établir près d’une fontaine ou d’un ruisseau, mais plus bas, afin d’avoir la facilité de conduire l’eau, & qu’elle se rende d’elle-même dans les pipes.

Si on est obligé de puiser l’eau, il est beaucoup plus économique de se servir d’une pompe, que de la tirer à bras. Dans ce cas, je regarde comme d’une nécessité absolue, de