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que celle du cheval. Il paroît que par la rumination l’animal s’approprie plus les substances contenues dans le fourrage, que le cheval qui ne rumine pas. On sait qu’un vieux cheval rend presque l’avoine telle qu’il l’a avalée, que dans les crotins on apperçoit le foin haché grossièrement, au lieu que dans la bouse de vache, le résidu est infiniment plus atténué. Quelle que soit la cause physique de ce phénomène, il est très-vrai que le fumier de bœuf n’est pas un engrais aussi puissant que celui du cheval, &c qu’il convient mieux dans les terres maigres, lorsqu’elles sont telles, faute de liaison. Comme il est moins rempli de sel, il est moins brûlant, & on pourroit dire que la bouse de vache contient seulement de l’humus, &c presque aucun principe salin ni graisseux, ou si elle en contient, c’est en très-petite quantité.

Dans une métairie, toutes les terres ne sont pas d’une même qualité, & par conséquent, elles exigent différentes espèces d’engrais. On fera très-bien d’amonceler séparément les fumiers des bœufs. Cependant, si on veut leur donner plus d’activité, on peut les mélanger avec de la chaux, de la marne, de la craie & autres engrais salins. Dans plusieurs endroits du royaume, & même dans plus de la moitié, on ne cultive qu’avec des bœufs ; il est donc essentiel de remédier, suivant le besoin, au peu d’activité de ces engrais.

III. Des excrémens des moutons & des chèvres. Ils sont vraiment salins & graisseux, & par conséquent susceptibles d’acquérir une forte chaleur par la fermentation. On ne multiplie point assez la paille sous les bêtes, on les laisse croupir mal-à-propos sur leur litière : consultez ce qui est dit, article V du mot Bergerie. Si un troupeau ne parque point (voyez ce mot) chaque bête qui le compose doit faire par an quatre tombereaux, de fumier, lorsqu’on aura soin de ne pas épargner la paille ou les feuilles, & de sortir une fois par semaine la litière de l’écurie, pour la porter dans la fosse destinée à la recevoir. Si le troupeau parque, on doit avoir au moins deux tombereaux de fumier par bête. Pour peu que la paille soit imbibée d’urine & de crotin, elle fermentera vigoureusement. (Voyez le mot Couche)

Ce conseil ne sera pas goûté par les bergers, ils se retourneront de mille manières auprès de leur maître, afin d’en empêcher l’effet ; ils objecteront que l’animal veut être tenu chaudement, que le fumier ne sera pas pourri, &c. &c. toutes ces raisons sont dictées par leur ignorance, & encore plus par leur paresse, afin de n’avoir pas chaque semaine un travail à faire. J’ai vu un troupeau de plus de deux cents bêtes, n’avoir pas fait cinquante tombereaux de fumier dans une année, parce que le propriétaire croyoit aux sentences de son berger, comme à celles d’un oracle. Méfiez-vous de ces grands parleurs, à moins qu’ils n’exécutent ponctuellement ce que vous prescrivez.

Le fumier de mouton exige plus qu’un autre d’être mis à l’abri de l’ardeur du soleil, à cause de sa grande fermentation. S’il n’est pas jeté dans une fosse, environnez-le au moins avec de la terre, & chaque semaine faites-le recouvrir d’une couche de terre, dès qu’il est sorti de l’écurie.

IV. Des excrémens du cochon. C’est un engrais très-actif ; je crois que