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que cette fièvre, ne dure dans l’animal ordinairement que vingt-quatre heures. Nous l’avons vue pourtant s’étendre un peu plus dans quelques jeunes chevaux. Ils y sont plus sujets que le bœuf & les autres animaux.

Signes. Le pouls qu’on sent à l’endroit ci-dessus indiqué, c’est-à-dire, aux artères maxillaires, est plein, libre ; on compte par minute dix-huit à vingt pulsations de plus que dans l’état naturel. L’animal sent un froid léger, il penche la tête, a l’air triste, est dégoûté, il bat un peu des flancs ; il se repose tantôt sur une jambe, tantôt sur une autre ; la bouche est chaude, & les oreilles froides, &c.

Les jeunes chevaux y sont plus exposés que les vieux. Les travaux excessifs, l’ardeur du soleil, le froid excessif en sont les principes ordinaires.

Curation. Cette espèce de fièvre cède aisément aux efforts de la nature, lorsqu’elle est aidée seulement de la diète simple, & de la privation des alimens solides pendant tout le temps de sa durée. Il est bon aussi quelquefois de donner de légers diaphorétiques en breuvage, tels que l’extrait de genièvre à la dose d’une once dans de l’eau bouillante, sur-tout si la transpiration vient à s’arrêter. On use encore assez souvent des boissons tempérantes, rafraîchissantes & nitreuses ; mais elles peuvent être nuisibles, lorsque l’animal a quelque disposition à suer. Il faut sur-tout avoir attention de tenir le ventre libre par quelques lavemens émolliens ; en un mot, nous ne craignons pas d’avancer, que cette espèce de fièvre n’a absolument rien de dangereux par elle-même ; si elle a quelquefois des suites fâcheuses, ce n’est que lorsque le maréchal vient à déranger l’ouvrage de la nature, par l’administration des purgatifs à forte dose, qu’il a coutume d’employer en pareil cas, ou par d’autres remèdes peu convenables.

Section II.

De la Fièvre simple.

Cette espèce de fièvre se manifeste par les signes suivans.

L’appétit de l’animal diminue, la rumination dans le bœuf & le mouton est presque suspendue, la respiration est plus fréquente qu’à l’ordinaire, les forces musculaires sont affoiblies, les yeux sont légèrement enflammés & tuméfiés, les oreilles, les cornes & les naseaux froids pendant un court espace de temps, le tremblement du pannicule charnu est médiocre, les forces vitales sont plus fortes que dans l’état naturel, les urines, au commencement de la maladie moins abondantes, la transpiration ordinairement considérable vers la fin, sur-tout lorsque les urines ne donnent pas en grande quantité ; la tête du cheval sur-tout est pesante, son ventre paresseux, les matières fécales noires & dures, sa démarche chancelante ; il ne se couche que rarement, il fait craqueter ses dents, ses testicules sont pendans & se relèvent vers la fin de la maladie.

C’est cette espèce de fièvre qu’on a coutume de confondre à la campagne avec le dégoût, (voyez Dégoût) maladies où les seules fonctions des premières voies sont dérangées ; aussi ne faut-il pas être sur-