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pris, si d’une fièvre simple, on en forme promptement une fièvre inflammatoire par les cordiaux, & autres remèdes de cette espèce, en augmentant la circulation du sang, & en irritant trop vivement le système nerveux.

Causes. Les principes les plus fréquens de la fièvre simple sont les exercices outrés, la grande quantité de nourriture, les alimens échauffans tels que l’avoine, la luzerne, l’esparcette ou sainfoin, le long séjour dans des écuries basses & mal-aérées, & la suppression de l’insensible transpiration & de la lueur.

Traitement. Lorsqu’un cheval ou un bœuf sont atteints de la fièvre simple, il faut mettre en usage la diète, la saignée, & les lavemens émolliens & mucilagineux ; la diète consiste en boisson blanche, & du son plus ou moins humecté ; s’il y a beaucoup de chaleur dans la bouche & dans l’intestin rectum, il faut y ajouter du sel de nitre. Cette pratique est bien opposée à celle qui est ordinairement prescrite, & suivie par les maréchaux de la campagne, c’est-à-dire, à l’usage du vin, de la thériaque, des pelottes d’assa-fœtida, autrement appelées pelotes puantes, des breuvages aromatiques, & des autres substances incendiaires.

M. de Garsault conseille de frotter les reins du cheval qui a la fièvre, avec de l’eau-de-vie ; il recommande encore de faire bouillir un demi-boisseau d’avoine dans de l’eau, que l’on jette cette eau, qu’on lui substitue du vinaigre, qu’ensuite on fricasse l’avoine dans le vinaigre pendant un instant, qu’on mette le tout dans un sac, & qu’on l’applique chaud sur les reins du cheval, quand l’avoine est froide, on remet du vinaigre chaud.

Sans doute que M. de Garsault prescrit ce topique, pour favoriser l’expulsion de la matière qui occasionne la fièvre par les urines. Mais les lavemens d’une décoction de racine de guimauve ne rempliroient-ils pas mieux l’objet désiré, en tenant le ventre libre, en calmant la chaleur & la vélocité du sang, & en favorisant l’expulsion de la matière ? Mais concluons ; la saignée a aussi ses avantages dans cette maladie, lorsqu’il y a une disposition inflammatoire. Les purgatifs, les sudorifiques, les diurétiques stimulans doivent être bannis, les forces vitales étant assez actives pour vaincre la résistance que lui oppose la matière fébrile, & étant d’ailleurs soutenues par le régime ci-dessus indiqué.

Section III.

De la Fièvre simple de la brebis.

Dans cette maladie l’appétit de la brebis est considérablement diminué, la rumination est suspendue ; elle se tient en peloton dans la bergerie, & ne sort qu’avec peine de l’étable. On observe un tremblement plus ou moins fort dans le pannicule charnu, les oreilles, le bout du nez, les épaules, les cuisses restent froids pendant quinze ou vingt heures ; ensuite tout le corps prend une chaleur modérée, jusqu’à la fin de la maladie, qui se termine pour l’ordinaire vers le neuvième jour.

Causes. Nous comptons parmi ces causes les boissons trop froides, le long séjour dans des bergeries basses & mal aérées, & le passage subit