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II. Le Froment maritime, Triticum maritimum. Lin. Tiges hautes de cinq à sept pouces, coudées à leur articulation inférieure, garnies de quelques feuilles lisses, à peine larges d’une ligne ; l’épi est maigre, un peu rameux à sa base ; les petits épis sont comprimés & ont une roideur remarquable. Il croît dans les provinces méridionales, au bord de la mer.

III. Le Froment rampant, Triticum repens. Lin. Ses racines articulées, très-rampantes ; pousse des tiges droites, feuillées ; les feuilles, larges de deux ou trois lignes, molles, vertes, & velues à la surface supérieure ; l’épi général est long de trois à quatre pouces, & les petits épis composés de quatre à cinq fleurs, dont les balles sont aiguës & communément dépourvues de barbes : cette plante croît dans les haies.

IV. Le froment délicat, Triticum tenellum. Lin. Racines fibreuses, tiges menues, basses & feuillées ; les feuilles lisses, vertes, au plus une ligne de largeur ; l’épi est maigre, en forme de fil, presqu’entièrement d’un seul côté ; les petits épis comprimés, composés de trois à quatre fleurs, disposés d’un seul côté, & quelquefois en spirale ; ils sont toujours barbus.

V. Le Froment à fleurs d’un seul côté, Triticum uni-laterale. Lin. M. von-Linné en fait une espèce à part ; cependant on peut à la rigueur le regarder botaniquement comme une variété de l’espèce précédente ; il en diffère par les calices des fleurs, placés alternativement d’un seul côté, & en ce qu’ils ne restent pas sur l’épi.

Ces cinq espèces vivaces intéressent peu le cultivateur ; cependant, quel homme peut répondre qu’à force de culture & de semis multipliés, ainsi qu’il a été dit au mot Espèce, on ne parvînt pas à en retirer un jour des récoltes utiles ? Il est inutile de faire des expériences sur le froment rampant : malheur au champ, au jardin, &c. dans lequel il a établi sa demeure ; il est presque impossible de le détruire ; ses racines tallent à l’infini. Il ne faut pas le confondre avec le chien-dent. (Voyez ce mot).

Section II.

Observations sur les Espèces cultivées.

Il convient d’examiner de nouveau les espèces utiles de froment que l’on cultive, & après avoir parlé le langage des botanistes, de s’entretenir avec les agriculteurs. Ce qui concerne le seigle, le méteil, & autres plantes connues sous le nom de blé en général, sera détaillé au mot propre.

Le climat, le sol & la culture agissent beaucoup sur la qualité des grains, & à un tel point, qu’il n’est pas possible d’établir des caractères fixes & décidés entre ce que nous appelons, par exemple, blés barbus, blés ras ou sans barbes. En effet, ces espèces jardinières, même du second ordre, changent de visage, s’il est permis de s’exprimer ainsi, transportées d’un pays à un autre, cultivées ou sur les hauteurs ou dans la plaine, aux bords de l’océan ou de la méditerranée, ou dans l’intérieur des terres. Cette transformation produite par le climat, l’est également par la culture ; & dans tel ou tel terrain, après un certain nombre d’années, les blés barbus deviennent ras, & les ras deviennent barbus. Il en est