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» L’utilité de ce blé est d’autant plus grande, que la récolte en est plus abondante que celle du blé qu’on cultive ordinairement en France ; il contient plus de farine & fait de très-bon pain, quoiqu’à la vérité la farine soit un peu grumeleuse. »

» Il faut avoir la précaution de faire battre ce blé sur le tonneau, parce qu’il est trop tendre pour souffrir le fléau. »

» La méthode de le cultiver est on ne peut pas plus facile ; il faut le semer de bonne heure dans une terre bien grasse & bien préparée, & mettre un peu plus de semences que pour les autres blés. »

Comme je n’ai jamais vu cette espèce de blé, & que l’auteur ne la décrit point, je ne sais si on peut la rapporter à une de celles qui ont été décrites plus haut.

M. Duhamel, dans son ouvrage intitulé Culture des terres, Tome V, page 440, parle d’un blé connu à Genève sous la dénomination d’abondance, & qui cependant n’est pas le blé de miracle ou de Barbarie ; &, page 138 du même volume, d’un blé d’Espagne dont le grain est dur, transparent comme le riz, & a très-peu de son. Je ne connois ni l’un ni l’autre. Ce dernier seroit-il la touzelle dans son état de perfection ?

Je le répète ; chaque royaume, chaque province, chaque climat a ses espèces particulières & propres au pays. Il n’est pas douteux qu’on ait fait des essais en tous genres en échangeant les semences, & on se sera ensuite déterminé à cultiver celle qui aura constamment le mieux réussi, & se sera le mieux acclimatée.

Le blé méteil n’est point une espèce à part ; on le nomme encore mixture à quart, à moitié, aux trois quarts. C’est un mélange plus ou moins considérable de froment & de seigle, & semé en même temps. (Voyez Méteil) Ce blé est ordinairement destiné à la nourriture du métayer & des gens de la ferme ; & suivant la coutume du pays, les conventions, &c. le froment est plus ou moins chargé de seigle.

CHAPITRE III.

Des Semences.

Section Première.

De la nécessité de changer les semences.

La preuve la plus complète que les fromens cultivés en France sont des espèces jardinières ou du second ordre, est fournie par la nécessité de changer les semences. Cependant quelques auteurs tranchent & disent : cultivez bien votre champ, semez à propos, & vous n’aurez pas besoin de chercher dans les villages voisins des grains pour ensemencer. Malgré cette assertion, l’expérience la plus constante démontre combien il est avantageux de renouveler, au moins tous les trois ans, le blé qu’on veut jeter en terre. Je ne tiens à aucun préjugé sur l’agriculture : quoique j’admette comme bonnes toutes les méthodes suivies dans un canton, je me réserve cependant la liberté de les soumettre à de nouvelles expériences, afin de constater décidément leur mérite ou leur défectuosité, toujours relativement au canton, parce que toutes les fois