Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/232

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& à mesure qu’elles les font sortir, leur ventre s’aplatit & s’approche du dos, tandis que les œufs s’arrangent entre le ventre de la mère & la tige où elle est attachée. La ponte finie, la galle-insecte périt & son cadavre ne paroît plus qu’une coque de dessous laquelle les petites sortent ensuite pour croître & devenir à leur tour aussi fécondes que leur mère l’a été.

M. de Réaumur a découvert de plus que les mères galle-insectes étoient fécondées vers la fin d’avril par une petite mouche assez jolie, qui a été elle-même jusque vers le milieu de ce mois une galle-insecte, & c’est par la petite tente qui est à la partie postérieure de la galle-insecte qu’elle la féconde en y introduisant un petit aiguillon, ou plutôt une espèce de petite queue qu’elle a. M. M.

Les jardiniers, & après eux plusieurs écrivains de cabinet, ont appelé punaise l’insecte dont il vient d’être question ; ils ont été trompés par la couleur de la galle-insecte dans son plus grand accroissement qui approche effectivement de celle de la punaise qui infecte les lits ; mais avec des yeux, ils auroient vu que la configuration de l’une & de l’autre est très-différente : celle-ci est aplatie, la tête saillante, montée sur des jambes assez hautes, &c. (Voyez le mot Punaise).

Suivant la chaleur du climat, ces insectes abandonnent plus ou moins promptement les anciennes branches & vont gagner les bourgeons à mesure qu’ils se couvrent de feuilles & s’allongent. L’écorce des bourgeons de l’année est devenue trop dure pour eux, & ils ne peuvent plus la pénétrer avec leur aiguillon afin d’y pomper leur nourriture. Comme leur multiplication est prodigieuse, l’arbre souffre considérablement de ces piqûres à l’infini, & de tous les pores des bourgeons la sève suinte & découle quelquefois au point de couvrir d’humidité la terre qui est sous les branches. Nous avons dit à l’article fourmi, que cette extravasion attiroit cet insecte & qu’on ne le voyoit jamais sur les arbres qui n’étoient pas attaqués par les galle insectes, ou chargés de miellat. (Voyez ce mot) Je persiste dans ce que j’ai dit, malgré l’assertion que je viens de lire dans l’excellent ouvrage intitulé École du Jardin fruitier, par M. de la Bretonnerie, tome II, pag. 49, l’auteur s’explique ainsi : « Je suis surpris que des naturalistes célèbres (M. de Réaumur) & en dernier lieu des auteurs modernes (M. de Schabol) qui devroient avoir de l’expérience, aient avancé que les fourmis ne font point de tort aux arbres, quoiqu’elles y soient quelquefois en grande quantité, qu’il n’y a que le puceron qui y fait du mal, & que les innocentes fourmis au contraire sont utiles parce quelles détruisent le puceron. Ce ne peut être que l’autorité du premier auteur qui ait pu faire répéter aux autres le même propos. J’y avois d’abord ajouté foi sur leur parole, jusqu’à ce que l’expérience m’ait instruit plusieurs fois du contraire. J’ai encore pris sur le fait, au printemps dernier 1781, des fourmis seules & sans mélange d’aucun puceron, amoncelées par petits tas sur les yeux tendres & nouvellement en sève d’un jeune pommier qu’elles avoient déjà rongé à moitié & en avoient détruit totalement plusieurs