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a alimentés avec des fourrages corrompus.

L’application des huileux sur la peau, sur-tout s’il y a inflammation ; celle des âcres emplastiques qui suppriment la transpiration, celles des astringens & des répercussion violens sur une partie enflammée produisent encore la putridité, en augmentant la chaleur de l’inflammation.

Si une partie d’un animal quelconque a été exposée à un froid excessif, la putridité ne tarde pas à se manifester, sur-tout si on la présente brusquement à un feu vif. Le froid avoit coagulé les humeurs, ralenti & même arrêté la circulation ; l’air fixe s’étoit développé, les solides étoient distendus, la chaleur y a excité un mouvement intestin qui a décidé la putridité. Le seul moyen de parer à un semblable accident est de frotter la partie gelée avec de la glace ou de la neige, & de ne la faire passer qu’insensiblement à un air plus doux. Par cette précaution, l’air fixe est de nouveau absorbé par les humeurs ; les principes ne sont point désunis, & les vaisseaux reprennent leur action.

Enfin, si la peau a été divisée, enlevée, détruite, comme dans une plaie, une brûlure, un ulcère ; les vaisseaux délicats altérés, les liqueurs extravasées étant à découvert, l’air extérieur agira sur ces substances, l’air fixe s’en dégagera, & sa dissipation produira dans cette partie la pourriture, & celle-ci la gangrène, sur-tout si cet air extérieur est putride : alors, en effet, son peu d’élasticité s’opposera moins au développement & à la dissipation de l’air fixe ; les molécules putrides dont il est chargé infecteront, corrompront les liqueurs & les gangrèneront.

Comme il est impossible de rappeler à la vie une partie qui est gangrenée, pour l’en préserver, il étoit essentiel de connoître les différens symptômes de la putridité qui la produit. Leur variété doit nécessairement faire varier les indications & les remèdes qu’on doit employer à cet effet. Si la partie est enflammée, on se servira des aqueux, des émolliens, &c. : si le sang ou quelques autres liqueurs se trouvent extravasées, & qu’elles ne puissent pas rentrer dans les voies de la circulation, on en procurera l’issue, le plutôt qu’il sera possible. Si la sérosité s’est épanchée dans le tissu cellulaire, si le ressort des solides est affoibli, si la circulation languit, on emploiera les stimulans, les toniques ; on fera usage des répercussion, si la partie est confuse ; on recourra aux vulnéraires, aux balsamiques, aux digestifs, si elle est blessée ou ulcérée.

Dans tous ces cas, il est quelquefois utile & nécessaire d’employer les saignées, les purgatifs, les diaphorétiques, les diurétiques, les cordiaux, & même les antiseptiques fébrifuges. Il n’est pas moins nécessaire de donner aux animaux malades de bons fourrages que l’on tirera principalement des antiseptiques diététiques, de les tenir très proprement. Il est aussi très-essentiel de mettre en usage tous les moyens possibles de purifier l’air, soit en diminuant, soit en chassant, soit en corrigeant les exhalaisons putrides qui, en donnant naissance à la pourriture, deviennent les causes médiates de la gangrène.

Pour diminuer la quantité des exhalaisons, il faut mettre peu