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on apperçoit les rudimens d’autres plus petites. La tige vers sa partie supérieure est jaunâtre, & devient insensiblement blanchâtre. Les deux lobes ne sont pas grossis de beaucoup ; ils sont de couleur jaune, & laissent déjà passer l’extrémité des deux petites feuilles. Si on coupe la plantule, elle rend une grande quantité de liqueur, & la tige Q (Fig. 7) laisse appercevoir l’écorce, la moelle & leurs utricules. Au point R, on distingue le point de séparation où les lobes sont attachés : si on les enlève totalement, on voit que les deux petites feuilles SS sont bien distinctes ; les côtes & les nervures paroissent déjà.

Au bout du neuvième jour, la tige K (Fig. 8) s’élève ; les enveloppes des lobes se détachent & les laissent à nu II ; ils sont mous, verts & entr’ouverts ; les feuilles qui étoient pliées se développent, sortent par cette ouverture N, & commencent à prendre une couleur verte. La racine T, tortueuse : on voit déjà de tous côtés de petits rameaux.

Quelques jours après, la tige V (Fig. 9) se redresse totalement : à sa base on remarque les deux lobes qui ont diminué de volume par la quantité de nourriture qu’ils ont fournie à la plantule & à la radicule, pendant qu’ils étoient dans leur sein : ils sont encore verdâtres ; les feuilles de la tige prennent de la consistance, & se développent davantage. On apperçoit entr’elles le rudiment de nouvelles feuilles Y ; la racine est chargée d’un plus grand nombre de radicules.

Vers le vingtième jour, la plantule est devenue totalement plante ; elle a ses feuilles larges & absolument développées AA (Fig. 10). On remarque en B un bourgeon qui contient en petit tout le reste de la plante qui doit se développer dans la suite. Les lobes CC, desséchés & épuisés, adhèrent encore à la tige, mais ne sont plus à la plante d’aucune utilité. La tige est verte, solide & fistuleuse intérieurement ; car les utricules de la moelle commencent à se dessécher, & à laisser ainsi un vide à leur place. Depuis ce moment-là, la plante végète hors de terre, & son enfance terminée, elle commence son adolescence.

Ce tableau de la germination, que l’on peut suivre en général dans toutes les graines, & qui est partout le même, nous offre une suite de développemens singuliers, mais qui ne font que confirmer ce que nous avons dit au mot Germe, que tout n’étoit que développement dans la nature, & que nous n’avions pas de nouvelle création. En effet, quelle différence y a-t-il entre la graine que l’on va mettre en terre, & la plante qui en est sortie ? Aucune essentielle : ce qui est en petit, en extrait, en miniature dans la graine, est plus en grand, plus développé dans la plante. Racine, tige, feuilles, fleurs & fruits, tout y étoit, tout n’attendoit que l’addition de nouveaux sucs pour s’étendre & occuper une plus grande place. Ce sont les mailles du réseau qui se sont écartées les unes des autres, & qui ne peuvent se rejoindre, parce que les nouvelles molécules qui se sont déposées entre leurs parois, les tiennent nécessairement écartées. (Voyez Accroissement, Fécondation, Germe, Végétation). M. M.