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Linné, on doit comprendre un grand nombre d’espèces jardinières. La plus distinguée sans contredit est celle vulgairement appelée Giroflier de Calabre ou d’Italie.

I. Sa tige est unique, forte, s’élance souvent à la hauteur de trois pieds, est garnie de feuilles blanchâtres dans le bas, & elle perd les inférieures à mesure qu’elle s’élève. Alors la place de la feuille tombée, imprime sur le tronc une marque semblable à celle que l’on voit sur les troncs des choux ; ce tronc est mince dans le bas, & plus gros dans le haut vers l’endroit d’où s’élance la tige. Les fleurs simples sont au moins de moitié plus amples que celles de toute autre giroflée ; quant aux doubles, elles excèdent souvent la longueur d’un écu de trois livres. Ces fleurs sont disposées en épi lâche, portées sur des pédoncules assez longs, plus écartées qu’aucune des fleurs de giroflées, & forment une pyramide souvent de plus d’un pied de longueur. De la base de l’épi sortent de petites tiges secondaires qui se chargent de quelques fleurs presqu’aussi belles que les premières. Il y en a de rouges, de violettes, de panachées, de couleur de chair un peu rose : je n’en ai jamais vu de blanches. Ce giroflier est appelé par quelques-uns tronc de chou, à cause de sa ressemblance avec lui. Ses feuilles sont longues, blanchâtres, douces au toucher, cotonneuses, retombantes pendant l’hiver, rassemblées en touffe jusqu’à cette époque & au renouvellement du printemps.

II. Giroflier ordinaire. Son tronc, les feuilles, ses fleurs sont beaucoup plus petits que ceux du précédent. Ce qui le caractérise essentiellement, est la manière dont sont disposés ses rameaux sur le tronc, à peu près comme les bras d’un lustre, avec cette différence que ceux du bas sont les plus alongés, & ceux du sommet sont plus courts. Tous montent à peu près à une égale hauteur, & forment une tête presque plate en dessus. Les fleurs sont simples ou doubles ; les unes, blanches ou rouges, ou violettes, ou panachées.

Il y a une autre espèce de giroflée en tout semblable à celle-ci, excepté que les fleurs sont toujours violettes, ou violettes panachées de blanc, à grelots plus gros, plus détachés. La plante est simplement bienne. À bien prendre, la précédente l’est également, si on n’a pas le soin de couper les fleurs à mesure qu’elles passent, sans attendre que les dernières de l’épi aient fleuri. La beauté de ces deux espèces consiste à avoir de longs épis & de larges grelots ; de sorte que chaque épi forme bien la pyramide, & soit en particulier un bouquet tout fait. Le nom de violier a été donné à cause de la couleur violette, ou approchant, que les fleurs ont ordinairement.

Du Giroflier annuel.

Le quarantain, ainsi nommé à cause de sa prompte végétation, & parce que, quarante jours après avoir été semé, le bouton de sa fleur commence à paroître assez pour que l’on puisse distinguer s’il sera à fleur double ou à fleur simple. Il ressemble aux autres violiers par les feuilles également cotonneuses, blanchâtres, mais plus alongées sur leurs queues, & presque dentelées. Ses rameaux sont moins nombreux, simplement