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est fixée & stipulée d’après un arpentage légal & inscrit sur les registres du cadastre. Dans le cas de discussion, un nouvel arpentage, fait volontairement par les deux parties, fixe la contenance de chaque particulier, & décide la question. Si on plante une haie morte, on peut la placer sur la lisière du champ.

Il est défendu aux propriétaires des héritages aboutissans aux rivières navigables, de planter des arbres & faire des clôtures ou haies, plus près de trente pieds du côté du tirage des bateaux, & de dix pieds de l’autre côté.

On appelle haie vive celle formée avec des plants enracinés & qui végètent ; haie morte, celle construite avec des pieux ou avec des bois épineux morts.

Je n’insisterai pas ici sur la nécessité & les avantages des haies, ils sont démontrés au mot clôture ; (consultez ce mot, il est essentiel à l’article présent), & je ne vais parler que des haies défensives.


CHAPITRE PREMIER.

Des Arbres et Arbustes propres à la formation des Haies.


Tout arbre, en général, peut servir à cet usage si on sait conduire à propos ses branches latérales & supprimer tout canal direct de la sève, c’est-à-dire, toute branche qui monte perpendiculairement. Peu d’arbres font exception à cette loi. Les uns cependant sont très-difficiles à gouverner, parce que l’état ravalé des haies nuit à leur végétation : ils languissent, rabougrissent & meurent. Ceux qui ont une tendance décidée à s’élever perpendiculairement, & qui souffrent avec peine la suppression de leur tête, ne seront vraiment utiles qu’entre les mains du cultivateur qui ne négligera aucuns soins pour la plantation de la haie & pour son entretien.

Je dois insister sur l’article des haies, puisqu’il est démontré qu’un champ circonscrit est plus productif qu’un champ ouvert. (Voyez le mot clôture). Il est également démontré qu’une haie située entre deux terres labourées, qui n’aura, par exemple, qu’un pied d’épaisseur par le bas & dix-huit pieds de longueur, donnera autant de bois qu’un taillis de même bois qui auroit dix-huit pieds en quarré. Quel sera donc le bénéfice, outre celui de clôture, si ces haies sont rendues productives comme il sera dit dans la suite. Boisez vos domaines, vos métairies ; je ne cesserai de le répéter. La majeure partie du Royaume est à la veille de manquer de bois. Celui des haies économisera les forestiers ; & c’est en ce moment la meilleure spéculation d’agriculture à laquelle les grands propriétaires doivent se livrer.

Il n’est pas possible d’élever dans tout le Royaume l’aubépine, le prunelier, (voyez ces mots) qui forment des clôtures plus défensives que les murs mêmes ; il faut donc établir un assez grand nombre de généralités pratiques pour que chaque canton adopte la méthode qui sera la plus avantageuse. Il est inutile de parler des haies mortes ; tout le monde les connoît & sait les construire.