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dans les membranes du scrotum, est l’effet d’une extravasation.

Je suis de l’avis de Sharph, & de Bertrandi, qui n’en admettent que deux espèces ; savoir, celle où l’eau est logée dans la membrane cellulaire du scrotum, & l’autre où elle est contenue dans la tunique vaginale du testicule. Les coups, des chutes, les compressions fortes, & tout ce qui peut s’opposer au retour du sang dans les circonvolutions des veines qui forment le plexus pampiniforme, peuvent produire cette maladie.

Elle peut dépendre de la rupture, ou du relâchement des vaisseaux secrétoires, ou d’une irritation qui excitera une sécrétion excessive de ce fluide.

L’hydrocèle peut encore venir des vaisseaux absorbans qui ont perdu la faculté de rapporter dans le sang, la portion convenable de ce fluide après la sécrétion, d’où s’ensuit une accumulation.

Il est souvent symptôme d’un épanchement d’eau dans la cavité du bas ventre, ou d’une leucophlegmatie.

Ceux qui sont attaques d’hydrocèle, ont le scrotum tuméfié & distendu, sur-tout s’il y a dans cette cavité une trop grande quantité d’eau épanchée ; on y observe une rénittence au toucher. Cette tumeur est quelquefois molle ; elle est tantôt diaphane, & tantôt fort trouble, sur-tout si le liquide qu’elle renferme est épais & peu clair ; elle est indolente ; l’impression du doigt n’y reste pas long-temps, & l’on y sent de la fluctuation. Dans ses progrès, elle couvre la verge au point qu’elle ne paroît souvent que par la peau du prépuce ; elle devient quelquefois si grosse, que le raphé partage le scrotum en deux parties inégales.

L’hydrocèle est une maladie très difficile à guérir, sur-tout si elle est invétérée ; elle expose ceux qui en sont atteints aux plus grand risques de perdre la vie.

L’art ne manque point de ressources pour la combattre ; le plus souvent elles n’ont aucun succès, & il faut avoir recours aux moyens cruels que la chirurgie indique. Néanmoins, avant d’en venir à ces dures extrémités, on peut se proposer, & avoir pour objet, 1°. l’évacuation de l’eau ramassée dans le scrotum, ou dans les parties qui y sont contenues ; 2°. la fonte & la résolution des embarras qui reproduisent cette maladie. On pourra parvenir à ces fins en appliquant sur le scrotum, des topiques résolutifs, tels que l’eau végéto-minérale de Goulard, animée de quelques gouttes d’eau-de-vie ; les cataplasmes faits avec la fleur de sureau & de souci ; l’application des linges imbibés d’une forte décoction de feuilles de sauge, & de romarin ; celle de l’eau où les maréchaux à forge éteignent le fer rougi au feu ; la terre cimolée des couteliers. Les boues des eaux thermales sont des résolutifs puissans, qui, aidés des remèdes hydragogues & diurétiques, pris intérieurement, peuvent produire les effets les plus salutaires ; les bouillons d’écrevisses altérés avec les plantes chicoracées ; la gomme-gutte donnée à petite dose, & combinée avec l’alcali de soude, sont des remèdes assez énergiques pour n’en pas négliger l’emploi.

Quand ils ne réussissent point, & que l’hydrocèle ne diminue point