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Tant que le col du cheval est ainsi jugulé, la plus grande étendue des veines jugulaires, cervicales & vertébrales, se trouvant au-dessous de cette ligature, ne reçoivent que très-peu de sang, & peut-être point ; mais si ces artistes empêchent le sang de couler dans les veines, ils doivent être bien convaincus que le cœur n’attend pas que leur opération soit finie pour faire parvenir à la tête une nouvelle quantité de ce fluide, puisqu’il le fait chaque fois qu’il se contracte, que ses contractions suivent sans interruption chacune de ses dilatations, & que ce mouvement alternatif a lieu tant que l’animal vit.

Il résulte de-là que le sang qui touche la partie supérieure de leur ligature se trouve arrêté dans son trajet par cet obstacle, & jusqu’à ce qu’il soit levé, il est toujours poussé par l’abord continuel de celui qui suit, de sorte qu’à chaque pulsation, les vaisseaux qui se distribuent dans toute la tête, ainsi que dans la portion de l’encolure qui est au-dessus de cette ligature, se distendent de plus en plus, à cause de la trop grande quantité de sang qu’ils reçoivent & de son mouvement trop rapide, ce qui produit la compression du cerveau ; l’inflammation des vaisseaux de la cornée, &c.

Le cheval ainsi étranglé, s’abat & tombe suffoqué, avant que le maréchal inexpert lui ait ouvert la jugulaire. J’ose ajouter qu’il n’est qu’un très-petit nombre de ces artistes, qui n’ait pas été l’auteur ou le témoin d’un pareil accident ; on trouvera à l’article Saignée les moyens de les prévenir.

L’inflammation se termine ordinairement par la résolution, ou par la suppuration, ou par l’induration, ou par la gangrène.

La résolution a lieu lorsque l’inflammation se dissipe graduellement sans aucune altération sensible des vaisseaux. Le sang suit alors ses routes accoutumées, & les vaisseaux restent dans leur entier. Lorsque l’inflammation n’a son siège que dans les extrémités artérielles sanguines, la seule cessation des causes qui l’avoient déterminée, suffit à cet effet ; si c’est une ligature, une compression, un corps étranger, &c., ces causes cessant d’agir, l’inflammation se résout, pourvu que l’obstruction ne soit pas trop forte. L’oscillation modérée des vaisseaux rend le sang plus fluide ; & son mouvement intestin plus développé par la stagnation, concourt aussi admirablement à sa fluidité. La modération du mouvement intestin des humeurs, une certaine souplesse dans les vaisseaux, la qualité d’un sang, ni trop épais, ni trop âcre, mais suffisamment détrempé par la sérosité, favorisent beaucoup la résolution.

L’inflammation se termine par la suppuration, lorsque, le sang arrêté & les vaisseaux obstrués, on observe un battement très-vif & très-sensible, une douleur aiguë & beaucoup de dureté, & que bientôt après la tumeur s’amollit, la douleur cesse, qu’il n’y a plus aucun battement, & qu’au lieu de la tumeur inflammatoire, on trouve un abcès ; puisqu’une ouverture naturelle ou pratiquée par l’art, donne issue à une humeur blanchâtre, épaisse, tenace, égale & sans caractère d’âcreté, que l’on appelle pus.