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L’inflammation qui attaque les glandes lymphatiques, produit l’obstruction du sang & celle de la lymphe, s’il n’y a que l’obstruction sanguine de résolue ; alors l’inflammation se termine par l’induration, parce que la lymphe reste accumulée dans les vaisseaux, où elle formera une tumeur dure, indolente, squirreuse.

Mais si l’obstruction est très-considérable, que l’engorgement soit fort grand, que les artères soient distendues au-delà de leur ton, & qu’elles cessent de battre, l’inflammation se terminera par la gangrène, parce que le mouvement progressif du sang, & l’action des vaisseaux, étant totalement suspendus, la vie cessera dans la partie. La fermentation putride, déjà fort développée dans le sang altéré qui fait la base de cette inflammation, n’ayant plus de frein qui la modère, ne tardera pas à avoir son effet, la putréfaction totale aura lieu ; la partie qui est alors gangrenée se couvre de petites ampoules qui sont formées par l’épiderme qui se soulève, & qui renferme une sérosité âcre, séparée du sang & de l’air dégagé par la fermentation putride. La partie qui est alors gangrenée devient brune, livide, noirâtre, perd tout sentiment, & exhale une odeur putride, cadavéreuse ; c’est alors le sphacèle, dernier degré de la mortification.

Pour avoir la connoissance du diagnostic de l’inflammation, il suffit de savoir que la douleur & la chaleur fixées à une partie, sont des signes qui annoncent qu’elle est enflammée. Si cette partie est interne, il survient une fièvre plus ou moins aiguë, & l’on observe un dérangement dans les fonctions propres à cette partie. Si l’inflammation est externe, on voit que la douleur & la chaleur se joignent à la rougeur & à la tumeur de la partie enflammée.

Si les causes sont externes, on peut s’en assurer par le témoignage des personnes qui soignent les animaux ; ainsi, l’inflammation sera occasionnée par le feu, ou par un caustique, ou par une luxation, ou par une compression, &c. : si elle n’est due à aucune de ces causes ou autres extérieures quelconques, il y a tout lieu d’assurer que l’inflammation provient d’une cause interne, telle que d’un vice du sang ou des humeurs : si elle survient à la suite d’une fièvre putride, maligne, pestilentielle, & sur-tout si l’inflammation est accompagnée d’une diminution dans les symptômes, elle est censée critique.

Le prognostic. L’événement des différentes espèces d’inflammation dépend du siège qu’elles occupent, de leurs causes, de leur grandeur, de la vivacité de leurs symptômes, de leurs accidens, de leur espèce, de leurs terminaisons, & d’une multitude de circonstances qui peuvent le faire varier à l’infini.

Car si leur siège occupe une partie interne, & qu’elle soit considérable, elles sont plus à craindre que celles qui ont leur siège à l’extérieur, & si celles-ci se trouvoient fixées dans des parties tendineuses, aponévrotiques, glanduleuses, nerveuses, ou dans des membranes tendues, extrêmement sensibles, elles seroient plus fâcheuses que si elles occupoient quelques autres parties externes.

Celles qui proviennent d’un vice du sang, sont plus difficiles à guérir,