Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/708

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Si on leur touche les bras ou quelque autre partie du corps, on apperçoit, & l’on y sent des soubresauts. S’ils s’éveillent, c’est toujours avec une sorte de frayeur. Ils sont dégoûtés ; l’appétit leur manque. Tantôt ils sont assoupis, & tantôt tourmentés par la veille.

Tous ces symptômes augmentent le troisième jour ; le délire & les convulsions surviennent : elles sont toujours d’un bon augure, & annoncent la prochaine éruption de la petite vérole. Elle se manifeste à la peau, au quatrième jour, qui est ordinairement le onzième de l’insertion. Les symptômes qui accompagnent la fièvre diminuent, & le nombre des boutons qui constituent cette éruption, est très-petit ordinairement ; il ne passe pas quatre-vingts. Il y a eu des inoculés qui n’en ont eu que deux ou trois, & quelquefois point du tout. Ce cas extrêmement rare, n’empêche pas qu’on ait eu la petite vérole. M. Gardane nous apprend que la fièvre varioleuse bien caractérisée, suffiroit seule pour dissiper toute appréhension ; mais lorsque les piqûres ont suppuré, & qu’il s’est formé autour d’elles un certain nombre de boutons accompagnés de cette même fièvre, & également en suppuration, il n’en faut pas davantage. La suppuration des pustules s’établit à raison du temps de leur apparition, de manière que celles qui constituent la petite vérole locale, sont suppurées, lorsque celles de l’éruption secondaire commencent à s’enflammer : leur dessiccation se fait aussi de la même manière.

Que faut-il faire pendant tout ce temps ? Rien, sans doute. Tout le traitement consiste à laisser les inoculés à l’air libre ; lui seul dissipe les symptômes les plus alarmans ; lui seul encore fait cesser le délire & les convulsions.

Cette méthode de traitement étant simple & facile dans son exécution, mérite la préférence sur des remèdes que certains incubateurs emploient, tels que la poudre de guttête, les fleurs de zinc, & autres de cette nature, qui sont dépourvus de toute vertu relative à l’objet que l’on veut combattre. J’ose assurer que sur 300 enfans que j’ai inoculés, il n’y en a pas eu un seul qui n’ait eu des convulsions. Je ne me suis jamais servi d’aucun de ces remèdes ; l’air frais a été l’unique remède que j’ai employé ; & ce remède ne m’a jamais trompé. Je ne saurois assez souvent le répéter, l’air frais & la nature, sont les seuls & uniques remèdes. Il faut promener les enfans à l’air libre, leur faire prendre leur boisson froide. Si c’est dans les grandes chaleurs, on doit avoir le soin de laisser ouvertes les fenêtres des appartemens où ils sont, ou les faire coucher en rase campagne. L’exercice à cheval est très-salutaire aux jeunes gens inoculés, dont l’éruption est lente & tardive. Les secousses & les différens mouvemens du cheval, sont très-propres à dissiper la crainte qui les agite, & à déterminer l’éruption de la petite vérole. L’usage des bains est encore très-utile. L’érétisme de la peau, ainsi que sa flaccidité, s’opposent souvent à l’éruption. Dans le premier cas, on ordonne un bain tiède ; & dans le dernier, un bain froid. Quoique cela se rencontre rarement, néanmoins il est essentiel de faire connoître l’utilité & l’efficacité d’un moyen aussi simple.