Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/709

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand on est parvenu au terme de la dessication des pustules, il faut alors purger plusieurs fois les malades. Les purgatifs employés doivent être analogues à l’âge, à la force, & au tempérament particulier de chaque sujet ; aussi nous ne donnerons aucune formule pour cela : nous nous contenterons de dire qu’ils doivent être plus ou moins répétés, d’après les bons ou mauvais effets qu’ils produiront.

De toutes les méthodes qu’on pratique pour l’inoculation, il n’en est aucune qui mérite la préférence sur celle que nous avons adoptée, elle est connue pour la méthode de Sutton. C’est à ce célèbre incubateur que nous devons les succès brillans & accumulés de l’inoculation.

La méthode par incision ne peut pas supporter le parallèle. Il est impossible, en la pratiquant, de ne point ouvrir quelque petit vaisseau sanguin. S’il est vrai que la petite vérole est une maladie qui n’affecte que la lymphe & la peau, il est à craindre qu’en pratiquant l’incision, on ne la communique au sang. Outre ce grand inconvénient, elle entraîne toujours après elle, une plaie, quelquefois même un ulcère dans l’endroit même de l’incision : on répond à cela, que cette plaie est souvent très-utile, & sert de cautère aux humeurs viciées ; mais, à examiner la chose de bien près, ce prétendu avantage est purement imaginaire, & point du tout conforme à ce que fait la nature au dernier période de la petite vérole.

La méthode de Simon n’est jamais suivie de plaie, ni d’ulcère : l’endroit de la piqûre est aussitôt guéri que la dessiccation commence. Les enfans maigres & décharnés sont à l’abri de toute plaie, & d’une grande déperdition de substance qui les jette souvent dans le marasme, dans un état de consomption & de fièvre lente, dont ils périssent ; ou s’ils sont assez heureux pour en réchapper, leur accroissement & le développement de leurs organes sont au moins bien retardés.

Les saisons les plus propres pour l’inoculation, sont le printemps & l’automne. Beaucoup d’incubateurs leur préfèrent l’hiver : la raison qu’ils en donnent, est que pour l’ordinaire, dans ces deux saisons, il se déclare quelque maladie maligne, dont la petite vérole peut prendre le caractère : en hiver on n’a pas à craindre le même inconvénient. D’ailleurs il est constaté par l’observation, que l’inoculation réussit très-bien dans le fort de l’hiver. Monro rapporte que cent douze personnes ont été inoculées avec le plus grand succès au milieu de l’hiver, dans quelques-unes des îles septentrionales de l’Écosse, où il y avoit à peine assez de matière combustible pour préparer la nourriture. Plusieurs inoculés, pendant tout le cours de l’inoculation, sortoient de la maison, & marchoient pieds nus sur la neige & sur la glace, sans qu’il en ait péri un seul. (Voyez Gatti, Page 130).

Il fut un temps, nous ne le dissimulerons point, où l’inoculation fut quelquefois malheureuse : c’est que la méthode n’étoit pas aussi perfectionnée qu’elle l’est aujourd’hui. Depuis qu’on a tenu un registre exact des inoculés, tout nous rassure sur le compte de l’inoculation. Elle nous centésimoit, elle nous millésime, disoit avant 1760, M. de la Condamine ; & depuis cette époque, il est constant que, sur trois mille inoculés, il