Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/777

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ciper de la température des lieux d’où il vient ; ainsi, s’il a traversé des régions plus froides que celle où il arrive, il lui communique une partie de son froid. Le vent du nord & celui du levant sont froids assez généralement pour la France ; la raison en est simple ; celui du nord vient des régions boréales, beaucoup plus froides que celles où sa direction le porte, & le vent d’orient passant par-dessus les Alpes, dont les sommets sont perpétuellement couverts de neige & de glace, se refroidit, & n’a pas le temps de changer de température avant que de venir jusqu’à nous. On remarque souvent en hiver, que lorsque le vent passe subitement du sud au nord, un froid vif & piquant succède tout à coup à une assez douce température ; voici pourquoi : quand le vent du sud règne en hiver, l’air est plus échauffé par ce vent, qu’il ne le seroit par l’action seule des rayons du soleil ; cependant la chaleur, dans ces circonstances, est encore assez foible, puisque dans les provinces méridionales de la France, le vent étant au sud dans les mois de décembre, de janvier, & de février, le thermomètre de Réaumur ne s’élève guère le matin qu’à six ou sept degrés au-dessus de la congélation l’après midi à dix ou onze degrés. La seule privation du vent du sud doit donc causer, dans l’atmosphère, un refroidissement, qui sans être fort considérable, ira bientôt jusqu’à un terme fort approchant du terme de la glace dans des pays qui ne sont pas extrêmement froids ; ajoutez encore que le vent du nord augmente le refroidissement, & nous verrons clairement pourquoi le froid est déjà assez vif lorsqu’à peine le vent du nord a commencé à souffler.

Un des principaux effets des vents secs & froids, est de hâter l’évaporation, & l’évaporation produit du froid, comme l’ont prouvé un grand nombre d’expériences.

Des observations exactes ont appris que le plus grand froid, en général, se faisoit sentir chaque jour, environ une demi-heure après le lever du soleil. La chaleur imprimée à un corps ne se conservant que quelque temps, la terre & l’air le refroidissent depuis trois ou quatre heures après midi jusqu’au soir, & plus encore pendant la nuit ; ce refroidissement doit continuer même après le lever du soleil jusqu’à ce que cet astre dont l’action est très-foible à l’horizon, ait acquis, par son élévation, assez de force pour communiquer à l’air & à la terre plus de chaleur qu’ils n’en perdent par la cause qui tend toujours à les refroidir. Or, c’est ce qui n’arrive qu’au bout d’une demi-heure, ou environ, la hauteur du soleil commençant alors à être un peu considérable. Au reste, les vents, sur-tout, peuvent causer d’assez grandes irrégularités. On a vu quelquefois, mais rarement, le froid de l’après midi surpasser celui de la matinée ; ce qui venoit d’un vent qui s’étoit élevé vers le milieu du jour.

Telles sont les principales causes qui influent naturellement le plus sur le refroidissement de l’atmosphère, & qui diminuent sa chaleur. On a trouvé plusieurs moyens de les imiter, & de produire un froid artificiel. Quoiqu’ils soient un peu étrangers au plan général que nous avons adopté dans cet ouvrage, cependant, comme quelquefois on pourroit dé-